« Matrone Et Domina : Tullia, Une Patricienne Hypersexuelle Dans La Rome Impériale » (6) : Le Banquet

AVERTISSEMENTS

Cette histoire est construite sur l’hypersexualité de Tullia et contient ment des scènes de sexe, quelquefois très « hard » (ce chapitre fait, de ce point de vue, exception). Au fur et à mesure de la rédaction des chapitres, j’ai voulu également si les personnages dans le contexte et les mœurs de la Rome impériale. Je remercie donc les lecteurs et lectrices qui ne viennent pas ici que pour les passages de sexe, mais qui partagent et apprécient ce besoin de connaissances.

Les chapitres précédents de « Matrone et Domina, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale » sont parus sur HDS depuis le 6 août 2021.

Le chapitre Ier contient les références bibliographiques sur lesquels sont construits ces récits historiques fictifs.

Pour la bonne compréhension du présent chapitre, il est plus particulièrement recommandé de lire :

• Jean-Noël Castorio : « Messaline, la putain impériale » (Payot, 2015)

• « Histoire des libertines (5) : Messaline, impératrice et putain. », un texte que j’ai publié le 15 septembre 2017 sur HDS

• Le roman d’Alfred Jarry « Messaline, roman de l’ancienne Rome », disponible sur ebook mais aussi sous format papier, sur Amazon.

• Jacqueline Dauxois : Messaline (Pygmalion, 2002) : une biographie romancée dans la collection « Reines de légende »

Je précise que, pour les besoins de mon récit, j’ai fait le choix de reprendre telles quelles les descriptions des vices et des crimes de Messaline, telle qu’elles ressortent des ouvrages d’auteurs qui écrivent bien après les faits, comme le poète Juvénal (55-128) ou encore les historiens Tacite (58-120), Suétone (70-122) et Dion Cassius (155-235). Les textes dans lesquels ces auteurs parlent de Messaline sont à charge. Même si, à l’évidence, Messaline n’avait pas froid aux yeux, il est probable que ces écrivains aient le trait, reprenant à leur compte la haine de l’aristocratie sénatoriale envers le pouvoir impérial.



Les personnages évoqués dans ce récit ont existé, à part naturellement Marcus, Tullia, sa servante et amante Lucia, l’eunuque Parsam et l’abominable Lurco.

***

RESUME DES CHAPITRES PRECEDENTS

Sous le règne de l’empereur romain Claude, le sénateur Marcus Tullius Longus a donné à sa fille Tullia, devenue une superbe jeune femme, la meilleure éducation. Marcus ignore cependant, qu’inspirée par certaines lectures, Tullia est dévorée par un feu intérieur, celui d’une libido encore exacerbée par sa liaison saphique avec Lucia, sa jeune servante et confidente.

L’aggravation de sa situation financière a contraint Marcus à accepter comme gendre Lucius Spurius Lurco, un parvenu, vicieux, cruel et sans scrupules. Il ne cache pas sa préférence pour ses éphèbes et ses mignons. Mais il est immensément riche et il a la faveur de l’impératrice Messaline.

Le lendemain du mariage, en sa présence, Lurco fait dépuceler Tullia par Adonis, son favori. Dans les bras de celui-ci, Tullia a confirmation de son hypersexualité. Comme le voulait son pervers époux, Tullia finit par tomber enceinte, suite à ses étreintes avec le beau et viril Adonis.

Avec la naissance de Caius, qu’il reconnait comme son fils, Lurco a obtenu ce qu’il voulait, un héritier. L’accouchement particulièrement douloureux a provoqué la stérilité (définitive ?) de Tullia.

Lurco a accepté de livrer Tullia à la perverse impératrice Messaline. Ensemble, ils sont bien décidés à exploiter l’hypersexualité de Tullia pour provoquer sa déchéance et humilier son père.

Messaline envoie auprès de Tullia un de ses proches, l’eunuque Parsam. Elle n’imaginait pas qu’ils allaient tomber amoureux l’un de l’autre ! Parcham veut tout faire pour sauver Tullia des plans diaboliques de Messaline et Lurco, mais aussi de ses propres démons, son hypersexualité qui la pousse vers les plus grands excès.

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Immensément riche, Lucius Spurius Lurco possède une vaste Domus au pied du Palatin, siège du pouvoir impérial.
Il aurait pu se rendre à pied au Palais où Messaline attendait ses invités. En bon parvenu, Lurco tenait à marquer son rang et se rend donc au palais impérial en litière, accompagnée de Tullia qu’il venait livrer à Messaline. Le cortège de Lurco comprend, outre ses porteurs, de nombreux serviteurs, dont Lucia, la servante de Tullia, qui doit participer à l’orgie, en seconde partie de soirée. Le banquet se déroule en été, les invitations se font donc à partir de la 9ème heure.

Les empereurs ont voulu avoir des résidences à la hauteur de leur pouvoir et ils les ont installées sur la colline du Palatin. Auguste fut le premier à s'être installé au Palatin, ses successeurs ont ensuite rajouté bâtiment après bâtiment pour aboutir à un ensemble de Palais Impériaux impressionnants. La partie la plus importante est la « Domus Augustana », résidence privée de l’empereur, qui se situe au Sud-Est de l'ensemble. Le Nord-Est est occupé par la Domus Tiberiana, construite pour l'Empereur Tibère, le successeur d’Auguste et qui avait été agrandie par Caligula dans la partie qui surplombe le Forum.

L’entrée de Lurco et de Tullia, dans le grand Tricilinium de la Domus Tiberiana, fait sensation. Le couple est accueilli par un grand silence. Pour le moment, Lucia reste en dehors de la salle. Elle sera appelée plus tard dans la soirée.

La grande salle est somptueuse. Les lits, sur lesquels les invités s’allongent pour manger, comprennent des structures inclinées aux extrémités, appelées fulcra, pour mieux accueillir les oreillers. Le fulcrum des canapés de la salle à manger comporte de somptueux ornements en ivoire, bronze, cuivre, or et argent.

Dans cette grande salle, qui avait été le théâtre des orgies de Caligula et était désormais le cadre des soirées de débauche de Messaline. Il y a une trentaine d’invités, sans compter naturellement les esclaves chargés de les servir ainsi que danseuses et musiciens qui sont là pour les distraire, en attendant la seconde partie de la soirée, consacrée aux ébats sexuels.


Messaline prend alors la parole :

• Mes amis, voici Tullia, la fille du sénateur Marcus Tullius Longus, celle pour laquelle vous êtes là ce soir. Sa réputation de beauté a fait que j’ai eu beaucoup de sollicitations. Vous êtes les privilégiés que j’ai choisis pour une première soirée, mais il y en aura d’autres, je veux pouvoir l’offrir à tous ceux qui la désirent.

Tullia frissonne devant le regard de Messaline. Elle ressent une sourde menace. Messaline trouve en effet Tullia encore plus belle qu’on ne lui a décrite. Et on sait le sort qu’elle avait réservé à celles qu’elle trouvait aussi belles que dangereuses, comme Livilla, Julia Drusii ou Poppée.

Messaline fait signe à Lurco, qui fait tomber le Pallium, le manteau de son épouse. En faisant cela, il exhibe la tenue de Tullia, vêtue de cette robe en mousseline, dont la transparence et le décolleté laissaient voir ses formes. Il y a dans la salle un murmure : jamais une matrone, une domina n’avait été aussi indécente. Même dans les peintures érotiques romaines les plus explicites, même chez les prostituées, les seins sont couverts par le strophium. Dévoiler ainsi sa poitrine est d’une indécence inouïe, qui annonce la disponibilité sexuelle de la jeune patricienne.

L’un des invités de la soirée, le médecin personnel et ancien amant de Messaline, Vettius Valens, interpelle Tullia :

• Je vois, belle matrone, que tu suis les enseignements du poète Tibulle (voir « Matrone et Domina, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale » (1) : l’éducation de Tullia)

Tullia, loin de rougir, assume et répond :

• Oui, noble seigneur, Tibulle soutient qu'une femme devrait porter des vêtements lâches pour qu'on puisse apercevoir ses seins quand elle s'incline au dîner. C’est ce que j’ai fait, sur recommandation de l’impératrice.

• Je vois que tu vas très bien t’entendre avec Valens. Mais je veux d’abord remercier mon ami Lucius Spurius Lurco.
Comme beaucoup d’entre vous ici, il avait commencé par dire non, quand j’ai demandé que son épouse soit célébrée dans une de nos soirées. Mais, comme vous, il sait qu’il est dangereux de s’opposer à ma volonté. Bien entendu, mon ami, pour te remercier, tu seras proche de moi pendant le banquet. C’est l’occasion de te féliciter pour ta récente entrée au Sénat et, à mes côtés, tu seras bien placé pour observer ce qui se passera tout à l’heure.

Lurco incline la tête, en signe de remerciement et de soumission.

• Merci aussi à ma fidèle Marcia, qui a parfaitement appliqué mes consignes. Cette petite n’a pas l’apparence d’une digne patricienne, mais elle apparait pour ce qu’elle est : une putain. Je ferai d’elle une lupa!

Tullia ne bronche pas sous l’injure. Elle y a chez elle un mélange de peur et d’excitation, devant ces regards qui la déshabillent. Si Messaline l’avait ordonné, certains se seraient déjà jetés sur elle.

• Cette soirée est très spéciale. D’habitude, je fais venir plusieurs patriciennes pour qu’elles soient honorées par mes invités, en présence de leurs époux. Ce soir Tullia est seule et je la pense capable de satisfaire autant de mâles. Je ne l’aiderai pas, même si j’en ai toujours envie. Je ne veux rien perdre du spectacle et Mnester s’occupera de moi ensuite. Je charge mon cher Parsam de prendre soin d’elle en attendant le grand moment. Place au diner, aux musiciens et aux danseuses. Puis ce sera ton tour, Tullia.

Parsam est heureux de passer le banquet aux côtés de Tullia. En lui accordant cela, Messaline, dont l’instinct devinait les sentiments de l’eunuque pour la Patricienne, veut aussi le punir, en le contraignant à être le témoin de la soirée, à voir tous ces hommes posséder celle qu’il aime.

***

En prenant place sur le lit, avec Parsam à ses côtés, Tullia commence par bien observer Messaline.

Ce qui la frappe est que Messaline est loin d’être une beauté. Son visage exprime une rondeur juvénile mais il n’est pas gracieux, elle a un menton en galoche, une puissante mâchoire qu’alourdit un double menton naissant, un cou épais, une petite bouche aux lèvres pincées, un long nez à la Cléopâtre. Tullia et Messaline sont suffisamment proches l’une de l’autre pour que leur regard se croisent. Le regard de Messaline exprime autant la volupté que la cruauté. Son sourire ironique semble sceller le destin de Tullia, d’autant que celle-ci se refuse à baisser les yeux.

Le visage de Messaline est plein de morgue et de froideur. Derrière ce masque, comment dénoter autre chose que le tempérament de calculatrice d’une femme qui utilise son corps au service d’une quête effrénée de richesses et de pouvoir? Et dans cette dureté des traits, comment ne pas discerner la férocité qui guide ses actes ?

Tullia a vu dans les yeux et sur le visage de Messaline qui elle est et les sentiments de haine qu’elle lui porte. Elle doit cependant reconnaitre que le corps de l’impératrice exprime la volupté qui gouverne sa conduite. Sur ce point et seulement sur celui-là, les deux femmes se retrouvent.

Parsam intervient :

• Je t’en prie, ne la provoque pas. Elle est dangereuse

• « Ingis intus urit » (« le feu brûle à l’intérieur ») lui répond Tullia, qui traduit ce qu’elle a ressenti dans l’âme noire de l’impératrice. La jeune patricienne se résigne à regret à abandonner son duel à distance avec Messaline

***

Les convives s'allongent sur des banquettes disposées en fer à cheval autour de la table.

On mange avec les doigts, de la main droite, en limitant l'usage aux premières phalanges. Des esclaves sont là pour veiller au confort des convives et leur proposer de quoi se laver les mains. Les aliments sont prédécoupés, même quand ils sont apportés entiers devant les convives. Les restes, les déchets sont jetés au sol. Ils deviennent alors la possession des défunts dont les âmes circulent dans la maison.

La soirée, avant sa partie orgiaque, est d’abord un banquet. Les banquets de Messaline étaient fastueux et, conformément à la tradition, comprenaient trois services :

• Le premier, « gustatio », est une série de hors-d'œuvre, en particulier des huîtres et escargots, très prisés). On servait avec celui-ci un mélange de vin et de miel, le « mulsum »

• Le deuxième service, « prima mensa, » voit arriver sur la table viandes ou volailles rôties, bouillies, grillées ou en sauce, saucisses ou ragoûts. On les accompagnait de vin

• Les repas s'achevaient sur un troisième service, « secunda mensa », avec assortiment de fruits, gâteaux et friandises, excitant la soif.

Ce soir-là, Messaline a choisi l’un de ses proches courtisans, le consul en exercice, Lucius Vitellius Major comme « le roi de boisson », qui définit les quantités et les types de vins que les convives doivent boire.

Vitellius sait ce que veut Messaline. Le vin, ce soir, est abondant, les consignes données aux esclaves sont que les coupes ne doivent jamais être vides. Vitellius a choisi les crus les plus réputés, en provenance de Capoue, de Pompéi, de Messine et surtout le fameux vin de Falerne, vin de Campanie produit dans la région de Caserte. Le vin est servi frais. Habituellement, il est coupé avec de l’eau, mais, exceptionnellement, ce soir-là, il est servi pur et en abondance, Messaline tenant à ce que ses convives oublient toute inhibition.

En même temps que des bataillons d’esclaves s’affairent à servir les convives, des musiciens divertissent les hôtes en jouant de la harpe, de la cithare, de la flûte ou de la lyre et chantent les exploits des héros mythiques.

Et enfin, pour achever de mettre en condition ses invités, Messaline fait entrer en fin de banquet de jeunes garçons et de jeunes filles qui exécutent des danses voluptueuses et chantent des poésies érotiques grecques et latines. Rien n’a été laissé au hasard pour que les hommes soient en rut avant que Tullia ne soit à leur disposition.

***

Tullia profite de ce repas interminable et de la présence de Parsam à ses côtés pour que celui-ci lui présente les invités de Messaline

• Il y a ici des amants et anciens amants de Messaline, et sans doute de futurs amants pour lesquels tu sers d’appât.

A la table de Messaline, se trouvent trois hommes : outre Lurco, le mari de Tullia, il y en a deux autres dont Parsam exposa l’histoire à la jeune patricienne :

Le consul Lucius Vitellius Major, « roi de boisson » de la soirée, est âgé de 57 ans. Personnage de première importance dans la vie politique romaine, il fut l'un des plus influents sénateurs sous les empereurs Caligula et Claude, ce qui lui permit d'avoir l'honneur extraordinaire d'être gouverneur de Syrie et trois fois consul. Il avait assuré sa carrière en étant un courtisan servile de tous les empereurs depuis Tibère. Il passe pour très proche de Claude, comme de Messaline. Il est le père d’Aulus Vitellius, qui sera empereur en 69. Vitellius et Longus, le père de Tullia, l’un et l’autre sénateurs, se détestent cordialement et naturellement Vitellius se réjouit d’assister à la déchéance de la fille de son collègue.

• Regarde le comportement de ce porc de Vitellius !


Tullia voit ce que l’historien Suétone décrira comme le comportement de Vitellius lors de ces soirées : Vitellius « sollicita de Messaline, comme la privauté le plus précieuse, la permission de la déchausser et, lui ayant dérobé son brodequin droit, il affecta de le porter constamment entre sa toge et ses tuniques, en le baisant de temps en temps. »

• Et qui est l’autre homme, à gauche de Messaline, qui ne cesse de l’embrasser et de la caresser ? Messaline ne se gêne pas pour le caresser sous sa tunique !

• C’est Mnester, un célèbre acteur pantomine qui fait tourner toutes les têtes, hommes et femmes. L’empereur Caligula était tombé fou amoureux de lui. Lors de spectacles, représentations, ou jeux du cirque Caligula n’avait pas peur de l’embrasser ou de le caresser devant tout le monde.

• Il a survécu au tyran, je vois !

• A la mort de Caligula, Mnester est resté dans les bonnes grâces du pouvoir. Il a aussi été l’amant de cette fameuse Poppée et c’est en partie à cause de cela que Messaline haïssait celle-ci et voulait sa mort. Sais-tu que Mnester a d’abord refusé les avances de Messaline ?

• Comment est-elle parvenue à ses fins ?

• Messaline le voulait absolument, ayant appris que Mnester était aussi bien pourvu que Priape lui-même. Mnester refuse. Messaline va alors demander à son mari, l’Empereur Claude de lui donner l’ordre de coucher avec sa propre femme !

• Vraiment ?

• Plus précisément, elle a demandé à Claude d’ordonner à Mnester de « faire tout ce que sa femme lui ordonne ».

• Elle l’a donc contraint ?

• Quand Messaline veut quelque chose ou quelqu’un, rien ne l’arrête. Elle a fait de Mnester son amant par les menaces, mais aussi par les coups. Elle le domine et l’a fait fouetter. Mnester a aussi une autre caractéristique : Messaline en est très entichée. Messaline use et de Mnester et pour pouvoir l’admirer à satiété, elle a même fait couler une statue en bronze de son amant. Et surtout, il est le seul avec qui elle a une relation prolongée. D’habitude, elle a une relation d’une nuit, puis elle ne revoit plus son amant, préférant en quelque sorte la nouveauté.

• C’est fascinant ! C’est un monstre, mais quelle femme ! Parle-moi des autres amants de Messaline

• Je ne te parlerai que de ceux qui sont là ce soir, parce que les énumérer tous est impossible. Elle partage encore quelquefois le lit de Claude et il se dit dans Rome qu’elle partage aussi celui de tous ses favoris. Parmi ceux qui ont bénéficié de ses faveurs, il y a des sénateurs, des hauts fonctionnaires, des chevaliers, des gladiateurs.

• Montre-moi ceux qui sont ici ce soir.

• En face, il y a Vettius Valens, l’un des plus célèbres médecins de l’empire, au service de César Claude. Il est immensément riche et de plus célèbre par ses talents oratoires. Médecin personnel de Messaline, puis son amant. C’est avec lui que tu as échangé tout à l’heure au sujet du poète Tiburce. Il te dévore des yeux depuis le début de la soirée.

• Je suis certaine, à la façon dont il me regarde, qu’il parle de moi. C’est un bel homme. Qui sont ses voisins de table ?

• Ce sont des politiciens. Il y a des sénateurs, venus pour toi mais aussi désireux d’humilier ton père, leur collègue. Parmi ceux qui parlent avec Vettius, il y a Plautius Lateranus, neveu du général Aulius Plautius, le conquérant de la Bretagne. Il y a aussi les sénateurs Saufellus Trogus et Juncus Virgilianus

• Bel homme ce Juncus Virgilianus !

• Il y a aussi un ancien consul, Publius Suillius Rufus, fils de sénateur, mais il est surtout réputé pour sa bisexualité.

• Il doit bien s’entendre avec ce chien de Lurco !

• Le groupe de l’autre côté, ce sont de simples chevaliers : Titius Proculus, Pompéius Urbicus, Sextus Traulus Montanius, qui ne sut plaire à Messaline qu’une seule nuit !

• Et qui est ce colosse qui me dévore des yeux ?

• Un ancien gladiateur, Sabinus, d’origine thrace. Il a été un proche de Caligula, qui l’avait placé à la tête de sa garde personnelle. Claude l’avait renvoyé dans l’arène, il fut rappelé par Messaline pour en faire son amant.

Parsam eut alors un rictus de dégoût. Devant le regard étonné de Tullia, il s’expliqua :

• Je vois deux personnes qui n’ont aucune honte à être présent, en tant qu’amants de Messaline et pourtant ! Je vois ici Publius Cornelius Lentulus Scipio, le second mari de Poppeia Sabina, sénateur et consul sous Tibère. En devenant l’amant de Messaline, il s’est vengé des adultères de Poppée.

• Je comprends ce que tu ressens. Et son voisin ?

• C’est encore pire. Furius, le fils de Scribonianus, le légat de Dalmatie, qui s’était révolté contre Claude en 42. Il a été épargné, à la demande de Messaline, qui l’a mis dans son lit.

• Et ce groupe de quatre hommes ?

Tullia, malgré son éducation, a été tenue à l’écart de la vie politique, tant par son père que par son époux. Elle ignore qu’il s’agit des quatre affranchis de Claude, les hommes les plus puissants de l’empire, qui gouvernent au nom de l’empereur. Messaline les a mis dans sa poche, ou plutôt dans son lit !

• Il y a d’abord Gaius Iulius Polybius, Polybe, le secrétaire de Claude César. Avant l'accession de l'empereur au pouvoir, il assistait Claude dans ses travaux littéraires, juridiques et historiques, Polybe est devenu l’un des principaux responsables des services administratifs impériaux. Il se dit que ses relations avec Messaline se sont beaucoup dégradées (quelques temps après, en 47, Messaline obtint la disgrâce de Polybe et son exécution, affirmant ainsi son pouvoir sur les affranchis. Ceux-ci se vengeraient par la suite)

• J’ai vu son voisin en grande conversation avec Messaline tout à l’heure.

• Il s’agit de Tiberius Claudius Narcissus, Narcisse, ancien esclave de Claude et son homme de confiance. Il est praepositus ab epistulis (responsable de la correspondance) et lui aussi immensément riche. Il a conspiré avec Messaline, pour faire exécuter plusieurs de ses adversaires et récemment il a contribué au terrible sort d’Asiaticus.

• Celui-ci c’est Caius Julius Callistus, Calliste, qui était un affranchi de Caligula, Sa fille Nymphidia aurait eu une liaison avec Caligula. Inquiet des fantaisies meurtrières de Caligula et craignant pour sa survie, il a trempé dans son assassinat en 41. Il se fait bien voir de Claude, en prétendant n'avoir pas exécuté les ordres de l'empoisonner formulés par Caligula. Il exerce une influence considérable sur Claude

• Et le dernier ?

• C’est Marcus Antonius Pallas. Pallas était à l’origine un esclave d’Antonia la Jeune, fille de Marc Antoine, nièce de l’empereur Auguste. À la mort d’Antonia en 37, il est passé au service de son fils Claude, qui l’a affranchi. Pallas est secrétaire aux finances de la maison impériale (a rationibus). Il est reconnu pour son efficacité et il est comme l’un des hommes les plus riches de Rome. On dit qu’il est aussi l’amant d’Agrippine, la nièce de l’empereur.

• Tu ne m’as pas parlé de ce beau vieillard, qui m’observe d’un air triste.

• C’est le doyen du sénat et Préfet de Rome depuis cinq ans, Lucius Volusius Saturninus. Il a plus de 80 ans. Sa fortune, acquise sans prévarication, est estimée à plus de 300 millions de sesterces. Sa réputation est sans tâche, il a de grands biens légitimement acquis et a réussi à traverser tant de règnes cruels traversés sans disgrâce. Il s’approche, on dirait qu’il veut te parler

• Je me souviens maintenant, mon père l’admire beaucoup.

Saturnius, malgré son grand âge, en impose. Il se tient bien droit et est plein de dignité. Messaline elle-même n’avait jamais osé s’en prendre à lui.

• Je te salue, Domina. Je ne suis pas ici pour les mêmes raisons que les autres. Je suis ici parce qu’un père me l’a demandé.

Tullia est morte de honte face au regard de Saturnius. Elle baisse les yeux.

• Je te salue, noble Saturnius. Que vas-tu dire à mon père ? Je veux qu’il sache que ce que je vais faire est dans ma nature et que je ne peux le contrôler.

• Ton père et moi sommes des stoïciens et pensons qu’on peut toujours maîtriser ses pulsions.

• Alors tu me condamnes ?

• Qui suis-je pour juger ? Je dirai à Longus que, contrairement à l’impératrice, il n’y a en toi ni cruauté, ni mal. Tu te laisses gouverner par tes sens. Je lui rappellerai qu’il n’a qu’un et qu’il ne peut la condamner. Que tu l’aimes et que j’espère qu’il ait la grandeur de te pardonner.

Tullia est bouleversée. Saturnius était sa conscience qui la rappelait à ses devoirs. Mais elle n’a ni la force ni l’envie de l’écouter.

Ce fut Messaline qui mit fin à ce moment douloureux :

• Lucius Volusius, par respect pour toi et suite à ta grande insistance, je t’ai autorisé à être présent ce soir. J’ai voulu que tu puisses dire à Longus qui est vraiment sa fille. Mais tu as promis de ne pas intervenir. Laisse faire ce qui doit être !

Avec une grande dignité, Saturnius, après s’être incliné devant l’impératrice, s’éloigne pour laisser Tullia accomplir son destin. Il est convaincu que la jeune femme n’a en commun avec Messaline que le dérèglement de ses sens, mais que son cœur est pur. Il se demande quels mots il pourrait trouver pour apaiser la douleur de Marcus, son ami à qui il ne saurait mentir, et plaider le pardon pour Tullia.

• Il est temps, mes amis, de passer à ce que pourquoi vous êtes venus. Cette femme est à vous, jusqu’au bout de la nuit, vous pourrez en faire tout ce qu’il vous plaira. Faites entrer sa petite esclave, elle pourra faire patienter ceux qui vont honorer sa maîtresse. Je sais que beaucoup d’entre vous aimeraient être le premier à la prendre. Il me fallait donc arbitrer et mon choix s’est porté sur Juncus Virgilianus. A toi l’honneur, Virgilianus ! Elle est à toi. Baise-la !

La plupart des convives félicitèrent Virgilianus, qui intriguait depuis des jours pour obtenir cette faveur. Quelques voix exprimèrent leur déception de ne pas avoir été choisis.

• Pas d’impatience, mes amis. Nous avons tout notre temps. Je le répète, chacun pourra disposer de cette catin. Virgilianus va préparer le terrain et vous montrer l’étendue des talents de patricienne, qui n’a rien à envier aux putains de Suburre.

Alors que les serviteurs font entrer Lucia, nue, dans la salle, le Sénateur Juncus Virgilianus quitte les convives avec qui il avait passé la soirée et se dirige vers Tullia.

Il reste un des proches de Messaline, un de ses premiers amants, même si désormais le favori est Mnester. Il est un homme nouveau, de basse extraction et Messaline a obtenu de Claude sa nomination au Sénat. Par ses nominations d’hommes nouveaux ou encore de Gallo-Romains, Claude est en train de changer la physionomie des Pères Conscrits. Ces nominations heurtent les Vieux Romains comme Saturnius et Marcus. Le premier s’en accommode et, en retour, a tous les honneurs. Marcus, lui, n’a pas su se taire et déteste le régime et la dynastie julio-claudienne. Pour Virgilianus, baiser la fille de Marcus est une revanche. Et cette femme le faisait bander depuis qu’elle était entrée dans la salle.

Messaline n’a pas choisi Virgilianus au hasard. Le quadragénaire est un bel homme, aux muscles saillants. Par expérience, Messaline sait que Virgilianus est endurant et performant. Sans hésiter, c’est donc lui qu’elle a choisi pour débuter la seconde partie de soirée. De son côté, Tullia a remarqué ses regards appuyés depuis le début de la soirée. Elle est attirée par ce mâle, elle a une envie irrésistible de baiser. La nuit sera longue.

A suivre : (7) : la soirée de Tullia

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