Sextrot 5

Sextrot 5


Le commissaire me demande de me rendre à l’évidence :

- Votre femme ne vous fait pas confiance, se laisse influencer par une menteuse. Elle saisit une occasion pour mettre fin à votre mariage. N’aviez-vous rien vu venir ? Aviez-vous des disputes fréquentes ?

- Non. Je ne comprends pas sa conduite et son changement si brutal.

Son raisonnement rejoint le mien. Lili n’était plus bien avec moi. J'étais un obstacle. Elle souffrait en silence. Pauline lui a fourni une bonne raison de se séparer de moi, lui a offert une porte de sortie. L'occasion de se libérer était trop belle, elle l'a saisie. Elle est partie sans regret, avec la conscience d’accomplir une bonne action en punissant mon crime. Elle peut désormais s’adonner sans frein à sa passion de venir en aide au peuple des déshérités, des malheureux privés de vie sexuelle. Donner aux malheureux de la chaleur humaine, c’est son programme. Dans l’immédiat elle ajoute un individu à la cohorte de ceux qui auront besoin de cette chaleur humaine : moi, l’époux renié. En même temps elle fait le bonheur de Robert

Lili ne reviendra plus. Depuis deux mois elle n’a pas donné signe de vie. Je suis passé discrètement devant sa boutique certains soirs. Elle vaquait à ses occupations, rangeait des piles de linge, vendait. Elle restait la commerçante souriante d’avant son départ. Un dimanche, je rôdais par là avec l’espoir de l’apercevoir, j’ai constaté le changement de l’horaire d’ouverture. Elle terminait à dix-neuf heures au lieu de vingt heures, elle sacrifiait une heure de son travail au profit des déshérités ou de Robert ?

Peut-être Pauline s’est-elle trahie en ne portant pas plainte, peut-être Lili voudrait-elle s’excuser de la violence de ses paroles, peut-être n’a-t-elle pas le courage de venir au-devant de moi, peut-être attend-elle un signe de moi. Aujourd'hui Je serai devant la porte de la boutique avant la fermeture, je l’aborderai et, au nom de nos années de vie commune, je lui demanderai de m’entendre.

C’est décidé, je vais lui ouvrir les yeux. Je ne peux pas vivre sans elle.

Je connais l’allure de celui qui me précède. Il entre dans la boutique, tend les bras, Lili se précipite contre lui, l’embrasse fougueusement mais le pousse vers les cabines d’essayage. Elle pend un panneau sur la vitre de l’entrée et disparaît à son tour dans le coin des cabines.

Je m'approche pour lire l'écriteau.
« Absente pendant 30 minutes »

C’est nouveau mais prémédité, l'écriteau a été rédigé avant l'arrivée de Robert; bien pratique pour certaine forme de commerce. Je sais pour l’avoir pratiqué ce qu’un homme et une femme peuvent faire à l’abri des regards. L’homme n’est pas un travesti venu s’habiller. C’est le trop fameux défenseur de la vertu des pauvres, Robert, le patron du resto du sexe. Un jour il avait demandé à Lili de lui accorder la relation sexuelle complète qu’elle refusait aux autres hommes. Voilà, il a obtenu ce qu’il réclamait, et désormais hors les murs du resto, égoïstement pour lui seul, il fait commerce de chair avec celle qui a quitté le domicile conjugal.

Elle a une bonne raison de m'oublier et de se passer de moi. Ils ne se contentent même plus de se rencontrer au sextrot. Comme je l'avais pressenti, ils échappent à la surveillance de Pauline ici, dans une des cabines d'essayage. A quoi s"essaient-ils ? C'est facile à deviner. A l’intérieur, derrière les rideaux de toile ces deux là copulent, volent une part de bonheur à un mari délaissé et à combien de déshérités en mal d’amour.

J’ai tout perdu, sauf l’espoir de reconquérir Lili. J’y mettrai le temps nécessaire. Pour y parvenir, j’exerce une surveillance régulière de son lieu de travail. Par habitude, je filme les entrées et les sorties des deux amants. Ici, seul Robert a le privilège de passer derrière les rideaux avec Lili. Elle l’accueille avec exubérance et ferme sa porte pendant une demi heure. Je souffre dehors, je suis malade de les savoir unis , accouplés à quelques mètres de moi.


Une nouvelle surprise éclate un jeudi : Lili reçoit Pauline, pend l’écriteau et toutes deux partent derrière les rideaux. La sexualité de Lili s’enrichit. Leur chevelure décoiffée, la disparition du rouge à lèvres, les mouvements pour réajuster la ceinture d’une culotte ou les boutons d’une blouse frapperaient n’importe quel observateur averti. Lili a agrandi l’éventail de ses amours. Le baiser final des deux femmes n’échappe pas à mon objectif, un baiser de lesbiennes, donné en sortant de la cabine où elles viennent de s’aimer. Lili et Pauline font à peine plus attention que Robert et Lili, lorsqu’elles s’embrassent. Le cérémonial se répète d’une semaine à l’autre. Le jeudi est le jour de Pauline.


Aujourd’hui je suis les deux amies dans les rues. Elles me mènent au resto. Après un dernier bisou plein de tendresse, Lili entre dans le local et Pauline continue sa route. Elle a relâché sa surveillance. A distance j’emprunte le même itinéraire, je me presse et arrive assez près alors qu’elle fouille son sac pour y prendre ses clés.

- Bonsoir Pauline.

- Bonsoir, monsieur… André ? Oui, c’est bien vous ? Je me demandais ce que vous deveniez. Et Lili, comment va-t-elle ?

- Je suis sans nouvelles. Peut-être pourriez-vous me dire où et comment elle vit.

- Elle tient toujours sa boutique, paraît-il. Mais vous prendrez bien un café ou un verre, entrez…

Ma pire ennemie est bien aimable. A-t-elle un nouveau piège à expérimenter sur moi.

Pauline me précède dans l’escalier, exagère le balancement de ses fesses, répand un parfum fort de chez « Suivez-moi, Monsieur ». Depuis plus de deux mois mes testicules sont au repos, je ne m‘intéresse plus aux femmes, à leur poitrine, à leur cul ou à leurs jambes. Je me languis de Lili, j’attends Lili, je rêve de la retrouver lassée des amours sans lendemain, fatiguée de sa passion adultère pour Robert et, à partir d’aujourd’hui, oublieuse de son penchant nouveau pour les femmes.
Si seulement elle redevenait ce qu'elle était quand nous nous sommes connus.

Cette démarche chaloupée de Pauline, son parfum, son invitation à partager une boisson et mon envie de Lili se conjuguent, réveillent en moi le sauvage qui sommeille. Mon sang irrigue soudain la verge si longtemps muette, je suis pris d’une grosse envie de sexe. Cette femelle qui m’a injustement accusé de viol, mérite un passage à l’acte, à la réalisation de son fantasme. J’ai un coup de retard sur son discours, je lui dois une baise. Elle la voulait, elle l’aura.

- Excuse le désordre. J’avais à faire, j’ai déposé les s chez ma mère avant une course pressante. Que puis-je t’offrir ?

- Ton attention. Vois cette photo.

Familièrement elle pose une main sur mon épaule, sa joue frôle la mienne quand elle se penche vers le petit écran, elle fait.

- Oh ! Tu es au courant ?

- Depuis quelques semaines. Robert sait-il ?

- Non. Je ne lui ai rien dit de cette liaison.

- Ta mère, ton père, tes voisins, tes amis savent-ils ?

- Non, ça ne regarde personne. Lili est seule, je la console.

- Cette photo va rendre crédible ma déposition au commissariat le lendemain du prétendu viol que tu as oublié de signaler.

- J’étais furieuse du râteau que tu m‘avais fait ramasser. J’ai voulu me venger de ton rejet. Que veux-tu, je suis femme et il est vexant de se faire éconduire .

- Rends-moi ma femme. Dis-lui la vérité.

- C’est impossible nous nous aimons trop.

- Tu aimes Lili. Lili t’aime-t-elle ? N'aime-t-elle que toi ou se sert-elle de toi? Regarde les photos suivantes, il y a de la concurrence. Reconnais-tu l’homme ? As-tu une idée de ce que ces deux là fabriquent derrière le rideau où tu te trouvais il y a peu ?

Pauline, bouche bée, tremble.

- Les salauds. Ils m’ont juré … « Rien, rien, nous sommes amis et collègues. » Ils n’ont pas besoin de moi là-bas dans leur bouiboui, à deux ils gèrent.
Alors, Robert va la tringler dans la boutique ?

- Tu reconnais les lieux.

- Cette fois, c’est la guerre. Il m’a trompée, il se moque de moi. Lili me donne le change, ses caresses ne sont pas sincères, elle fait semblant de m‘aimer pour me voler le père de mes s. Tu veux ta Lili salope ? Prends-moi et je lui parlerai, promis, juré. Elle saura la vérité. J’avouerai que j’avais caché ma culotte dans tes coussins par obéissance à Robert. Mais c’est tout de suite. Viole-moi.

Elle a une curieuse conception du viol ! Ma fidélité n’a pas payé, ma patience n’a servi à rien sinon à laisser la place à d’autres. Pauline s’engage à révéler la vérité à Lili. C’est une dernière chance de renouer avec ma femme. Donc cette fois, je prends mes risques. J’accepte la condition de Pauline, ce ne sera pas désagréable de m’unir physiquement à cette belle créature. La posséder après ses ébats avec Lili, me restia un peu de mon aimée. Elle a dit : »Tout de suite ».

- D’accord, approche, je vais t’aimer.

Les mains de Lili l’ont caressée, Lili l’a embrassée, Lili a léché sa peau, sucé les lèvres de son sexe, brouté les poils de sa chatte. Sur tout ce corps je retrouverai les traces de Lili. C’est Lili, ma drogue, que je redécouvrirai sur Pauline. Faire l’amour à Pauline, c’est faire l’amour à Lili. La boucle est bouclée. Si coucher avec Pauline me ramène Lili, finis les scrupules




Pauline montre un sourire baigné de larmes

Il faut que je te dise. Robert souhaitait le retour de Lili au sextrot, comme Lili a récemment baptisé l’établissement. (on me vole des droits d'auteur) Il a donc commencé une sorte de grève de l’amour avec moi. Nos relations amoureuses se sont espacées. Son moral était à plat disait-il, parce que l’affaire connaissait des hauts et des bas inquiétants. Tantôt il y avait pléthore de mâles en face de peu de demandeuses, tantôt à l’inverse des femmes en manque plus nombreuses que les hommes manifestaient leur mécontentement d’avoir à attendre une queue.

- Lili savait si bien réguler le flot des amateurs et amatrices de relations. Ah! Si elle venait m’aider tout irait mieux. Ta présence n’apporte pas ce plus indispensable pour relancer l’activité. Je suis la cause de ton manque d'expérience. L'expérience s'acquiert avec le temps.

- Jusque là je dirigeais les filles vers les trous lorsque une bite en dépassait. Robert disait que la mère de ses s n’avait pas à tripoter des sexes étrangers. Le sien devait me suffire. Il est jaloux de nature. Je rétorquais :

- Encore faudrait-il que tu me fasses l’amour un peu plus souvent.

Il se plaignait pour m'apitoyer:

- Aide-moi à reprendre des forces, fais remonter mon courage… Non, pas avec les mains ou la bouche, je parle de m’aider à persuader Lili de revenir. J’ai un plan, avec ton concours le succès sera assuré. Tout ira mieux alors.

J'ai écouté. Son plan consistait à vous séparer, toi et Lili.. Quand Lili avait des défaillances, se laissait posséder par des types, tu pardonnais. Et il m'expliquait comment parvenir à détourner de toi cette femme.

- C’est lui qui doit être pris en faute. Je doute que la fière Lili soit aussi indulgente qu'il l'est. Elle pourrait le quitter, être libérée de cet André si gênant qui la bride. Voilà ton rôle :

Je devais tenter de te séduire et ensuite nous dénoncer à ta femme. Tu pourrais ne pas céder à la tentation; je devrais passer au plan B : celui que tu as vu réussir. Je t’accusais de m’avoir brutalement violée et je révélais que tu m’avais volé ma culotte, celle que je devais glisser à l’endroit que j’indiquerais à Lili. Avoue que c’était astucieux.

- Ta scène de séduction, ta nudité, la douche, c’était du cinéma ? Par bonheur j'ai su résister. Tu prétendais que j’étais l’homme qu’il te fallait, tu n’en pensais rien. C’est à cause de cette mise en scène que j’ai perdu l’amour de Lili. Comment as-tu pu jouer cette comédie écoeurante?

- J’aimais mon mari, je voulais le voir retrouver ses envies de me faire l’amour plus souvent. J’avais besoin de lui, je voulais garder pour moi le père de mes s, éventuellement renforcer le lien du mariage par une nouvelle grossesse. Toi, je te connaissais à peine, je n’avais envers toi ni amour ni haine, ton sort m’indifférait. Je ne te voulais aucun mal, Robert savait que Lili et toi finiriez par recoudre les morceaux comme toujours. Une séparation serait provisoire mais lui donnerait l’opportunité de récupérer sa meilleure auxiliaire. J’ai suivi ses consignes parce qu'il savait minimiser les conséquences de mon apport.

- Et tu as retrouvé son amour?

- Pendant peu de temps en réalité. Lili de retour, les soirs,la fréquentation du sextrot a miraculeusement augmenté. J’assistais au déploiement de zèle de Lili. Ici elle suppléait, masturbait l’un, suçait la queue trop grosse qu’aucune femme n’avait le courage de prendre en bouche; là elle déroulait un préservatif avant de tendre son sexe ou ses fesses. Robert applaudissait. Un soir, en raison du retard de Lili, il m’a autorisée à pratiquer une masturbation et une fellation protégées. Quand je dis autorisée, je devrais plutôt employer le mot « suppliée » des yeux. Que n’aurais-je pas fait pour lui plaire?

- La chose t’a plu, tu as recommencé au retard suivant de Lili toujours plus occupée par sa boutique? Les retards de Lili se sont multipliés, tu es devenue indispensable.
- C'est un peu ça. Comment le sais-tu ? Tu venais derrière les trous ?

- Non, je ne voulais pas faire ce plaisir à Robert ou à Lili. Je ne voulais pas leur laisser croire que je me laissais aller à faire comme les pauvres diables qui ont besoin de décharger à travers ces horribles trous de la paroi. Mais je suppose que tu as été promue.

- Oui, au lieu d'être remerciée, c’est vrai, on m’a nommée deuxième auxiliaire. Certains soir j’assurais seule le début de séance quand Robert devait s’absenter pour une réunion importante et que Lili était surchargée de commandes. Ils arrivaient plus tard, leurs obligations remplies. Tes photos m'éclairent sur ce que cachait le mot "obligations", en fait il devait s'agir de leurs rendez-vous amoureux. Depuis comme je n’ai jamais voulu avoir de rapport sexuel complet avec un homme placé de l’autre côté, Robert a voulu engager une jeune femme. Actuellement il fait des castings.

- Remplacera-t-il Lili ?

- Non, il est sur le point de me dégager de mes obligations et de me rendre à ma vie de mère. J’ai pleuré sous la menace, car je sentais vaguement que tout ne tournait pas rond. Lili a remarqué mes larmes, est venue me consoler, m’a prise dans ses bras, m’a embrassée. Elle a dit en avoir marre et préfèrerait la douceur d’une femme à la brutalité de ces hommes qui n’en ont jamais assez d’éjaculer en nous. C’est ainsi que je me suis mise à l’aimer en retour de ses caresses et paroles chaleureuses.

- Et ce soir, tu es libre?

- C'est mon jour de repos. j'ai bien l'intention d'en profiter pleinement pour me reconstruire une nouvelle vie. Merci de m'écouter et de m'aider à me dévêtir comme tu le fais. Normalement Robert ne rentrera pas avant minuit. Nous allons nous aimer sans être dérangés. Donne-moi ta chemise.

- Embrasse-moi. fais comme si tu m'aimais.

- Je n'aurai plus à me forcer, j'ai de l'admiration pour toi. je regrette que ton seul souci soit de reconquérir cette maîtresse éhontée de mon mari. Quand verras-tu qu'elle n'a pas de coeur?

- Voyons si tu en as plus. As-tu un lit ? Bien sûr, suis-je bête!

- Bien sûr. Pourtant je ne souhaite plus coucher dans le lit conjugal. Je ne souhaite pas établir de comparaison entre Robert et toi. Mes souvenirs sont noircis par les mensonges de Robert. Occupons la troisième chambre. Prends tes affaires et suis moi.

Ses jolies fesses dépassent de chaque côté d'un string étroit, noir, serré dans la raie des fesses, me devancent avec ce sublime balancement que ne cachent plus jupe, jupons, bas de combinaison. Elle m'inspire, me laisse pénétrer dans la pièce capharnaüm, où s'entassent chaises, lit, jouets.

- C'est un peu le bric-à-brac, nous venons rarement ici. C'est un grand débarras, jusqu'au jour où les s voudront faire chambre à part. Ici je n'ai pas de souvenirs à chasser. C'est mieux, ne penses-tu pas?


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