Laquelle 2
Le samedi, à 20heures je prends place sur le parking encore vide. Je suis seul. Le bal nest pas commencé, les musiciens débarquent leur matériel et vont linstaller. A louverture du guichet, je réserve une place et je vais masseoir. Au hasard des réservations, je suis rejoins par une jeune fille au léger embonpoint, mais souriante et sympathique. Elle est venue seule également et espère nouer connaissance avec lhomme de sa vie qui laidera à élever son bébé. Je nai pas la vocation. J'impose une distance:
- Je suis seul ce soir, parce que ma fiancée, est en mission humanitaire. Elle ma recommandé de me distraire en attendant son retour et notre mariage. La date reste à fixer.
Le mensonge la trompe-t-il? Je veux éviter de la froisser. Elle acceptera volontiers de danser avec moi, en attendant dautres invitations. Effectivement nous faisons ensemble quelques rondes au milieu des autres. Elle me met à rude épreuve. Lexistence dune fiancée ne la gêne pas. Elle tente sa chance, me fait connaître la douceur et le confort dun corps grassouillet.
Avec un malin plaisir, à la faveur de lentassement des danseurs sur la piste, elle se presse contre moi, avec le fol espoir de me prouver quun tiens vaut mieux que deux tu lauras. Je dois lui plaire, elle nhésite pas à me le faire savoir. Son bras autour de mon cou, ses seins de nourrice contre mes pectoraux, ses cuisses en recherche de ma virilité: elle met le paquet. Je ne suis pas de bois et vois arriver avec soulagement la fin de ces slows dangereux pour mon intégrité.
Devinez qui japerçois dans la salle en compagnie dune blonde à chignon et d'un grand brun. Oui, René, mais sans Jenna. Il semble sennuyer, mais il ma vu. Et soudain il est à ma table, vient me serrer amicalement la main et, comme si cétait une seconde nature chez lui, il memprunte ma cavalière. Cette fois j'aurai plaisir à permettre!
- Tu permets?
- Je vous en prie.
Il savait que je ne protesterais pas. Margot rouge de plaisir prend sa main et séloigne. Plus tard avec un clin dil complice elle récupère ses affaires et va compléter la table du trio.
- Je crois que jai trouvé. Excuse-moi, il ma invité à sa table. Merci. Bonne continuation.
Je nirai pas remercier René. Sa fâcheuse habitude de vouloir me prendre mes partenaires ne le rend pas sympathique. A une table voisine, trois copines attendent. Deux vont danser ensemble. La troisième se morfond. Elle est mignonne comme un cur, jeune et fraîche, avec de grands yeux bleus innocents. Pour combien de temps encore innocents? Je vais tenter ma chance et suis accueilli avec un large sourire de contentement. Je devrai excuser ses maladresses, mais mon invitation lui fait plaisir. Cahin-caha nous nous dandinons ensemble. Jeanne est novice, mais douée et si confiante. Elle apprend vite. Je deviens son partenaire attitré. Que Denise et Françoise moublient. Le discours est clair. Les cousines sourient, acquiescent.
Le loup sapproche. Il a senti la chair fraîche en ma compagnie. Il vient "emprunter". Je préviens les trois copines:
- Pas celui-là, refusez. Je vous expliquerai.
Il sincline dabord devant Jeanne avec son « Tu permets » conventionnel, ponctué dun sourire narquois à mon adresse. Elle exagère son affection pour moi, passe son bras velouté autour de mon cou et pour mon plus grand bonheur, fait savoir quelle a une invitation permanente. Denise et Françoise ne cherchent pas dexcuse, refusent tout bonnement de passer en deuxième ou troisième place.
René repart, étonné, refroidi et déçu du triple refus. Il ne doit pas être rejeté habituellement. Je mets les filles en garde contre ce prédateur. Elles me remercient. Il ne manque pas dautres concurrents. René rejoint dépité Margot qui lui fait la fête. Il a perdu un pari: du bar il revient avec une bouteille de mousseux et quatre flûtes sous les applaudissements des trois autres.
Jeanne, en dansant, me fixe dans les yeux. Bientôt, ses cousines et elles vont quitter le bal. Elle en a le cur gros. Pour une fois quelle est heureuse, ce nest pas juste. Comme Cendrillon, elles ont une permission de minuit. Je dois lui promettre de revenir ici le samedi suivant. Elles seront présentes et, si je le souhaite, nous ignorerons tous les autres. Rendez-vous est pris sur létoile polaire tous les soirs de la semaine à 22 heures. Touchante déclaration damour, il y manque le mot. Comment croire à ce coup de foudre ? Pourquoi refuser ce naïf espoir?
Je les raccompagne jusquà leur voiture, les vois séloigner. Si je fumais une cigarette. Pas de briquet, pas dallumettes. Mon allume-cigare va servir. Je massieds dans ma voiture, tournée vers le bal. Comme par magie cela déclenche une sortie. René, main sur lépaule de Margot la pousse vers le coin dombre.
Cest un insatiable. Le loup a trouvé une nouvelle proie et se met à lécart pour la dévorer seul. Pauvre Margot, son envie de trouver un brave type laveugle. Si je laisse faire elle pourra dans quelques mois chercher un père à deux mouflets au lieu dun! René aura disparu, trouvé un autre terrain de chasse. Jai de la peine pour cette jeune mère, mais au nom de quoi irais-je casser son rêve damour ? Elle a plus dexpérience que moi, certainement. Lexpérience nest pas toujours un phare, la conduite de Margot en est lillustration. Elle est majeure, agit librement. Peut-être est-elle en appétit. Pourquoi lui voler un plaisir promis?
René est pressé. Il la chauffée à blanc sur la piste, elle a bu, elle est pleine de bonne volonté, disposée à prouver son attachement à ce flatteur éhonté. Quelques baisers sur la bouche pour égarer le peu de vigilance éventuelle et il passe à loffensive. Les gros seins dénudés larrêtent à peine. Il attaque hardiment le bas, trousse en quelques gestes précis.
Margot glousse quand il applique sa main au bon endroit.
Un quart de tour, du pied il augmente lécart des jambes de femme, ploie les genoux, se place à bonne hauteur, éloigne lobstacle de tissu et se propulse brutalement dans les chairs. Quelques secondes il se félicite de lhumidité et de la chaleur de ce vagin accueillant, immobilisé dans le corps de Margot. Des deux mains il soulève le bassin trop affaissé, prend ses aises et lance lassaut. A grands coups de boutoir il donne du plaisir, passe du trot au galop, semballe, se fige, éjacule en elle, se retire satisfait, se rhabille et retourne vers la salle, poursuivi par lamoureuse surprise davoir reçu en si peu de temps dune charge fantastique une aussi importante quantité de sperme.
Ils ont regagné leur place, ne dansent pas, après leffort le réconfort, ils boivent. Margot doit sétonner du peu dattention quil lui porte désormais. De mon côté il ne découvre pas disolée. Je suis seul, il ny a personne à me piquer. Finalement il tire Margot sur la piste et subit avec ennui les démonstrations embarrassantes de tendresse et de reconnaissance de lhypothétique mère de ses s.
A minuit trente arrive un groupe. A cette heure la caisse est fermée, lentrée est gratuite. Une main sabat sur mon épaule. Je lève les yeux. Jenna me sourit:
- Alors, ta visite a fait faux bond. Je te présente Alfred qui a accepté de me transporter, lui. Tu le connais
- Bien sûr. Comme tu las deviné, mes amis se sont décommandés en dernière minute. Je suis donc venu ici avec le secret espoir de recevoir ma première leçon de danse.
- Hélas, jai fait à Alfred la même promesse pour ce soir. Il sera difficile de vous satisfaire tous deux. Alfred veux-tu nous commander à boire?
Lautre aussi naïf que je l'ai été, fonce au bar. Jenna me sourit. Ils reviennent du cinéma et souhaitent terminer la soirée ensemble. En ma compagnie, si je les accepte à ma table. Une ombre se projette sur la table, René me demande si je permets et sans attendre ma réponse remorque lenjôleuse vers la piste. Alfred revient avec trois verres.
- Où est-elle passée?
Du menton je désigne la piste. Il regarde, il voit, sassied. Je le console en lui racontant ma propre mésaventure, vieille de huit jours. Sil veut danser, mieux vaut se trouver une autre fille, il a peu de chance de revoir Jenna cette nuit. Mais voici Margot, les yeux rougis, le visage défait.
- Tu te rends compte, René ma demandé de dégager pour laisser la place à sa copine. Je peux masseoir près de vous?
- Mais oui. Je te conseille toutefois daller te rafraîchir un peu aux toilettes.
Elle me regarde, se demande si je sais. Je lui délivre un sourire encourageant et elle saisit son sac pour aller se refaire une beauté et peut-être prendre des mesures d'hygiène. Je trouverai le temps de lui conseiller la pilule du lendemain. Alfred veut se placer:
- Tu la connais. Cest ta copine?
minterroge le dernier venu. Je lui explique que Margot et moi avons fait quelques pas ensemble avant lattaque de René.
- Il me la soulevée comme il vient de te voler Jenna. Le goujat lassé la laisse tomber pour soccuper de ta professeur de danse. Cest un vorace, il ramasse tout ce quil peut. Jai dansé avec une autre jolie fille, elle ma quitté à minuit. Le dénommé René a eu le culot de tenter de men séparer. Il est tombé sur un bec, la demoiselle ma préféré.
- Si je linvite, tu ne seras pas vexé?
- Mon cur espère ailleurs. Je ten prie, fais la danser. Tu la consoleras.
- Vous permettez, monsieur. Voudriez-vous maccorder cette valse?
L'invitation me surprend. Voilà une connaissance appréciée. Jeanne me lavait fait oublier. Confus, j'essaie de m'excuser:
- Vous étiez dans la salle? Excusez-moi; jaurais dû vous inviter, je suis impardonnable. Ce sera avec plaisir, en souvenir de la fois précédente. Votre mari ne valse toujours pas? Tant mieux pour moi.
- Je nai pas voulu vous déranger plus tôt. Vous formiez un si beau couple avec cette jeune fille. Je vous souhaite beaucoup de bonheur. Mon mari vous félicite et vous invite à notre table pour vous remercier de me faire plaisir.
Cette trentenaire est parfaitement à laise et entretient la conversation. Je suis attentif et je me réjouis de pouvoir valser pour le pur plaisir de la danse, sans arrière pensée de conquête. Ca ne dure guère. Elle me provoque plus clairement. Il lui est arrivé quelque chose dinhabituel cette semaine, elle a rêvé notre rencontre actuelle. Dans quel état va-t-elle me présenter à son mari reconnaissant si elle continue à diffuser dans ce corps à corps toute la chaleur de son envie. Ses yeux sembuent, ses lèvres disjointes soufflent une haleine parfumée à la violette.
A proximité, Margot rayonnante mène un Alfred qui sembrouille les pieds. Elle tient bon, le maintient debout, le serre contre elle pour lui éviter la chute, rit, le fait rire sur son ventre coussin. Succombera-t-il à la pulpeuse tentation? Je vais rejoindre Joseph, le mari dAnnie, la valseuse. Margot et Alfred seront mieux seuls à table. Le brave célibataire vient peut-être de découvrir sa perle rare. Ce Joseph est un brave type, jamais je ne pourrai briser sa famille. Il devrait faire un effort, la valse est accessible, surtout avec une danseuse comme Annie. Jinsiste, mais le regard de lépouse mimpose le silence.
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