Lectures Érotiques (8). Le Déclic De Milo Manara (Albin Michel)
Les lectures érotiques, c'est aussi la bande dessinée.
Et de ce point de vue, la plus célèbre est certainement « le Déclic » de Milo Manara, dont le 1er tome parait en 1984. C?est un monument de l'érotisme, de mon point de vue, au même titre qu'Emmanuelle.
Milo Manara est une légende de la bande dessinée. Ses femmes au corps parfait, son interprétation de Caravage, son sens sacré de l'érotisme : l'auteur italien a certainement offert au XXe siècle les plus belles planches qui soient en la matière. Milo Manara est certainement le plus connu de tous les auteurs de BD érotiques. Son dessin est un hommage vibrant à la féminité.
Avec son style graphique épuré et réaliste, Manara a fait rentrer la pornographie la plus déviante dans l'univers de l'érotisme. Il réussit à rendre érotique ce que beaucoup qualifieraient de vulgaires perversions. Ses ouvrages sont très hard mais également très beaux.
Ses dessins du corps féminin sont vraiment d'une beauté rare, surtout lorsqu'elles sont assez peu vêtues. Si les dessins, comme les dialogues sont parfois d'un réalisme très cru, ils ne basculent jamais dans le vulgaire.
L'AUTEUR (d'après l'article de Wikipédia)
Né en 1945 dans le Trentin-Haut-Adige, Manara est le maître italien de la bande dessinée érotique.
Ses premières planches professionnelles, déjà des récits érotiques, datent de 1968, époque à laquelle elles lui permettent de financer ses études d'architecture à Venise. Il abandonne son métier d'assistant de sculpteur et publie Genius, pour les éditions Vanio. Viennent ensuite les aventures de Jolanda, femme pirate.
En 1974, il réalise une adaptation du Décaméron de Boccace. En 1976, Le Singe, son premier récit ambitieux, paraît dans Alter-Linus puis dans Charlie Mensuel. À la même période, il dessine plusieurs épisodes de l?Histoire de France en bandes dessinées et de La Découverte du monde en bandes dessinées aux éditions Larousse.
En 1983, sa carrière prend une nouvelle direction avec Le Déclic. L'album lui vaut immédiatement une réputation sulfureuse. Le succès est immédiat et cette histoire est adaptée sous la forme d'un long-métrage cinématographique réalisé par Jean-Louis Richard et Bob Rafelson, avec Jean-Pierre Kalfon et Florence Guérin dans les principaux rôles.
En 1987, Hugo Pratt devient son scénariste pour Un été indien, expérience qu'ils rééditent sept ans plus tard avec El Gaucho.
Entre-temps, l'oeuvre de Federico Fellini, autre « maître d'aventure » de Milo Manara, a inspiré une autre collaboration avec la mise en image du Voyage à Tulum (1984), qui se poursuivra en 1992 avec Le Voyage de G. Mastorna.
Aujourd'hui, Milo Manara continue une production régulière d'histoires érotiques aux éditions Albin Michel (rééditées par Drugstore) mais il participe également à des projets plus originaux, comme l'illustration de portfolios divers ou encore la série Borgia avec le scénariste Alejandro Jodorowsky.
Le Déclic est une série de bande dessinée érotique en noir et blanc, écrite et dessinée par Milo Manara. Comportant quatre tomes, elle a été publiée à partir de 1984 par Albin Michel.
Une version en couleurs et non censurée du premier tome a également été publiée par la suite, comprenant les six pages retirées de la première édition française. L?ensemble de la série a été réédité par les éditions Drugstore en version colorisée.
Le second tome parait en 1991, le tome 3 en 1994 et le tome 4 en 2001.
Bien qu'il ne se résume pas, loin de là, à cette série, Manara et son Déclic sont révolutionnaires dans la bédé érotique.
Pour dresser le décor, un bref résumé des quatre tomes :
LE TOME 1 : « UNE FEMME SOUS INFLUENCE »
Claudia Cristiani est une bourgeoise coincée mais aux formes superbes. Mariée à Aléardo Cristiani, un avocat nanti, la jeune femme se montre frigide et réservée, jusqu'au jour où l'étrange docteur Fez, dont elle a repoussé les avances, la fait enlever pour lui implanter, dans le cerveau, une puce reliée à un émetteur capable de libérer toute son intensité sexuelle (d'où le titre).
Le Déclic nous montre en réalité une femme, Claudia, dévorée par ses propres fantasmes et envies, cédant aux pulsions les plus inavouables de la bonne société à laquelle elle appartient. Mais elle n'est pas tout à fait responsable de son état libidineux. En effet le mari, relativement âgé et pas vraiment porté sur les choses du sexe, a une connaissance qui se désespère de passion pour la belle victime. Il va jusqu'à dérober l'invention d'un luminaire scientifique autrichien, qui permettrait de déclencher un désir irréfrénable et contrôlable à distance par le biais d'un mécanisme contenu dans un petit boîtier. Il suffit ainsi d'actionner un simple bouton pour que Claudia se livre aux assauts de tous et tout ce qui lui tombe sous la main... dans les cabines d'essayage des grands magasins, en pleine nature avec une amie, dans le secret de ses appartements ou dans un chalet à la montagne, le feu du sexe la dévore totalement.
Le contraste est saisissant entre la prude et honteuse Mme Cristiani et l'insatiable Claudia.
Le scénario est joliment pervers. Une femme riche, aussi désirable que prude, est le sujet d'une expérience d'un docteur amoureux. A cause d'un petit boitier qui permet à son possesseur de controler sa libido, elle va se retrouver dans des situations de plus en plus gênante où elle se mettra à nue, se touchera en public, suppliera pour qu'on la prenne...
À l?origine donc, une découverte capitale, un remède infaillible contre l'impuissance, un petit appareil qui agit sur le cerveau. Un simple boîtier muni d?un curseur pour régler l'intensité du stimulus. Une découverte qui excite les sens et attise les convoitises. Changement de propriétaire, changement de finalité : l'objet miracle devient un jeu. Le joueur : un voyeur habile, manipulateur et sans scrupules. Le jouet : la belle Claudia, bourgeoise bien mariée mais épouvantablement pudibonde et désespérément frigide.
Milo Manara, qui n'a pas sans pareil pour dessiner les jolies filles habillées ou non, joue sur le fantasme de pouvoir contrôler le désir d'une belle femme. Celle-ci s'offre à qui veut bien d'elle, et elle est resplendissante sous la plume du dessinateur italien que le lecteur est émoustillé. Même sur une ile lointaine ou à la montagne, Claudia n?échappe pas au pouvoir du Déclic.
À la fin, un petit retournement auquel on ne sait pas bien s'il faut croire, sème le doute : ce boitier a-t-il réellement un pouvoir ? La torride Claudia a-t-elle profité de ce boitier pour assouvir ses fantasmes ou a-t-elle vraiment été manipulée ? J'aime à penser que la réponse est qu?elle en a profité. Car le boitier est en quelque sorte une métaphore de la nymphomanie, avec la recherche permanente du plaisir et une situation où la femme n?a pas la maîtrise de son désir.
Si le déclic n'a pas eu réellement d'influence et que Claudia en a « profité » pour assumer toutes ses envies et affublé l?horrible Aléardo d?une magnifique paire de cornes, c'est qu'en réalité elle est hypersexuelle et que c?est elle qui a le contrôle du déclic, c?est-à-dire de sa libido.
Ce premier tome contient de nombreuses scènes cultes :
- La première est le scandale qu?elle cause dans un grand magasin où elle s'exhibe dans un grand magasin et pratique une fellation sur un vendeur.
- Lors d'une réception, elle fait fuir un prêtre en soutane à qui elle s?était offerte.
- Une des scènes que je préfère : au cinéma, où elle est allée avec son mari Aléardo, elle branle son voisin, puis lui taille une pipe. Le type l?amène au fond de la salle, où il va sodomiser Claudia, tout cela sous les yeux du mari cocu. Au fur et à mesure que Fez augmente la puissance de l'appareil, Claudia abandonne toute résistance et invite l?inconnu à lui défoncer le cul.
Les trois autres tomes de la série sont moins connus et, perdant l'attrait de la nouveauté, sont d'une qualité inégale.
TOME 2 : LE RETOUR DU BOITIER
Devenue présentatrice d'une émission écologique, la prude Claudia redevient le jouet d'un étrange jeune homme, Faust, sous l'influence de la diabolique télécommande. Bien décidé à se servir de la machine, Faust oblige la frigide dame à se comporter de manière débauchée. Au départ, Faust est commandité par Aléardo, le mari cocu, décidé à humilier Claudia.
Faust oblige Claudia à s'exhiber dans les toilettes hommes des studios où elle enregistre ses émissions. Le Déclic fonctionne plus que jamais. Faust commence par lui doigter l?anus et Claudia jouit par le cul. Puis il lui fait traverser la ville en vélo, sans culotte, avec juste son chemisier très déboutonné.
Son oncle veut la punir, en la cravachant. Sous l'effet du Déclic, Claudia prend son pied et son défi déclenche une avalanche de coups de fouet sur son joli derrière.
Lors d' un naufrage où elle se retrouve onze jours en mer sur un radeau avec deux de ses collaborateurs, Claudia est en pleine forme alors que les deux hommes sont « lessivés ». Normal, elle a « vidés », pratiquant sur eux de fréquentes fellations !
Claudia s'exhibera ensuite en direct à la télé, dans un « plaidoyer pour la chatte », avant qu'elle ne s'offre à Faust pour son fameux « Faust-fucking ».
Cette fois on peut parler de pornographie, les scènes de sexe étant plus osées, plus explicites. Comme dans le premier tome, le dessin reste superbe.
TOME 3 : LA BELLE ET LA SECTE
Dans ce troisième volet, il n'est curieusement plus guère question du fameux transmetteur, qui est toujours encore entre les mains de Faust, qui est encore aux trousses de la sulfureuse Claudia qui travaille toujours pour la télévision et qui a été chargée de réaliser un reportage sur l'Amazonie.
A son arrivée sur place, Claudia fait la connaissance de Culorva, un rustre qui bat les femmes. Elle découvre une étrange secte dont le gourou croit qu'il peut entrer en contact avec les extra-terrestres par le biais de l'énergie sexuelle de ses adeptes. Comble de malchance, Faust vend la machine perverse au dévot bien décidé à faire de la prude bourgeoise son vecteur principal de communication.
Curlova finit par retrouver Claudia et par la soumettre, grâce à la machine désormais en sa possession. Il va commencer par la faire s?exhiber en plein San Francisco. Le gourou est convaincu que Claudia est celle qu?il lui fallait : « Une femme perverse, lascive, impure, qui se laisse emporter par la luxure. Elle seule peut déclencher l?énergie qui me permettra de dialoguer avec les habitants des étoiles. »
Il l'amène en Amazonie pour la livrer à 50.000 Garimpéros en rut, mais qui l'épargneront, en admiration devant son clitoris.
Avec ce tome, le scénario commence à partir en vrille dans tous les sens, ça en devient délirant...
TOME 4 : VENGEANCE
Une boîte magique, fabuleuse, perverse, capable de libérer l'immense intensité sexuelle d'une femme, même contre son désir. Qu'arrive-t-il quand cette télécommande de l'amour obligé tombe entre des mains ennemies ?
Le mari de Claudia Cristiani, l'avocat Cristiani, défend la société Globalchimie, laquelle est responsable de la perte de la vue chez de nombreuses personnes. Au nombre des victimes figure un scientifique renommé, le professeur Boralevi.
La fille de ce dernier, Angelina, va tout mettre en oeuvre pour dissuader Cristiani de prendre en main le dossier de la défense de Globalchimie, en tentant de le faire chanter. Pour cela, elle doit commencer par prendre des photos compromettantes de la femme de l?avocat : Claudia.
Angelina, et son cousin Pio, décident de se venger de cette situation, en s'en prenant à la femme de Cristiani, Claudia. Ils veulent d?abord essayer de la faire chanter en prenant des photos, pour cela Pio tente de séduire Claudia, mais devant l'échec de leur man?uvre, ils décident de rencontrer un mystérieux correspondant téléphonique anonyme. Celui-ci n?est autre que le Docteur Fez, qui va remettre à Angelina, la copie qu'il a réalisée de la fameuse petite boîte qui déchaîne les pulsions sexuelles de Claudia?
Claudia reprend donc du service... mais l'héroïne de cet album est pourtant la fille de Boralevi, qui, elle aussi (comme d?autres dans les albums précédents) est très impudique et tient finalement aussi bien la vedette que la femme de l'avocat !
Et ça marche toujours ! Pendant un défilé de mode, à l'occasion d'un match de foot ou encore au « couvent du spasme divin », Claudia ne se refuse aucun plaisir. On la voit aussi dans les bras de la belle Angélina.
Elle fait scandale en se masturbant en plein défilé de mode. Aléardo décide de l'amener à un couvent, pour la faire exorciser.
Angélina la poursuit jusque-là et réussit à lui enfoncer, dans le fion, des boules de Geisha, avec une micro-caméra. Puis elle conduit Claudia au stade, où l?équipe du patron de Globalchimie joue un important match de coupe. Elle introduit Claudia dans les vestiaires de l'équipe de « L?Argent club » et, le Déclic étant placé sur maximum, Claudia s'offre à tous les joueurs. Les orgasmes ne se comptent plus et elle continue ! Claudia va « sucer toute leur énergie », provoquant une émeute !
REACTIONS ET LECONS
L'oeuvre a déclenché une salve incroyable de réactions effarouchées (au point que Manara lui-même accepte encore aujourd'hui d'en omettre trois planches, trop osées pour la morale) en raison de scènes dites contre-nature (une mère et son jeune fils).
Le boîtier électronique, à l'origine des mésaventures de Mme Christiani, serait-il vide ? Pièce maîtresse d'une vaste supercherie (éventée à la fin du tome 1). Mais récupéré au début du 2ème tome, il a toujours autant d?effets sur Claudia. Le mystère reste entier et ouvre la porte aux interprétations du lecteur. Ce n?est pas la moindre des qualités de l??uvre, déroulant une galerie de personnages hauts en couleur (dont le gourou d?une secte - rencontré au fil du tome 3, qui cherche à communiquer avec le cosmos via l?excitation pré-orgasmique !) et déployant un panel varié de pratiques sexuelles.
Les courbes et l'indécence de son héroïne, Claudia Christiani, restent l'élément central de cette «saga » qui s'étale sur 4 tomes. En bref, c?est l?histoire d?une femme bourgeoise plus que guindée dont les désirs sont contrôlés par une télécommande qu?elle ne maîtrise pas bien entendu.
L?histoire repose essentiellement sur cette femme BCBG qui se révèle volcanique. De plus, la boite et sa fonction fantastique du contrôle total du désir féminin est bel et bien l?objet que voudrait posséder tout homme pour assouvir son fantasme de domination. On peut remarquer que les hommes, à quelques exceptions près, sont tous laids et les femmes magnifiques écrasantes de beauté, la boite permettant ainsi de rétablir l?équilibre.
Il y a dans cette série un vrai rapport voyeur/exhibitionniste. De l'héroïne se dévoilant impudique et pleine de désirs, comme dans le 1er tome et la scène de la bougie par exemple ou le lecteur assistant à la fellation et sodomie « es » dans le cinéma face à un mari complètement démuni (ou consentant ?) ou encore la scène cruelle de fouet du 2e tome.
C?est un véritable hommage. Manara magnifie sur chaque dessin la femme dans son relâchement le plus total. Chaque pose est d?une virtuosité et enivre le lecteur qui en redemande.
La qualité graphique des dessins est telle qu'à certains moments on dirait de la photographie.
UNE BD FORMATRICE
L'oeuvre n'a rien perdu de son irrésistible pouvoir d'attraction. Manara, en préface de la réédition Drugstore, décrit « Le Déclic » comme une ?uvre de jeunesse, emplie de fougue juvénile, qui déploie ses effets comiques le long d?une intrigue rocambolesque, se voulant un exercice de style léger. L?auteur s?érige en ardent défenseur de la liberté de ton et fier opposant à la censure ; citant cet aphorisme d?André Breton : « La pornographie, c?est l?érotisme des autres ».
Le Déclic est une ode à la liberté des sens, qui se déchaînent chez une bourgeoise frigide, Madame Christiani, sous l'emprise d?un mystérieux boîtier électronique. Une puce, implantée dans le cerveau de la belle, provoque des stimuli, qui font d?elle une nymphomane libérée, esclave de ses pulsions. Un « prétexte » qui permet à Manara de placer son héroïne dans les situations les plus scabreuses, brisant le miroir des apparences patiemment entretenues par une éducation rigoriste, dans les hautes sphères de la société.
Manara, maestro de l'érotisme à l'italienne fait partie des dessinateurs rendant le plus justice à la beauté féminine. Ses femmes, amazones peu farouches à la sensualité toute méditerranéenne, offrent au regard des courbes affolantes, couchant sur papier les plus belles fesses de toute l?histoire du 9ème Art.
Le Déclic esquisse de nombreuses thématiques : stigmatisation des moeurs et convenances bourgeoises, anticléricalisme, écologie, retour à la nature, appât du gain, dérives scientifiques, machisme, abus de l?autorité masculine.
Claudia s'émancipe avec fracas, reprenant le contrôle de sa libido brimée. Les hommes cherchent à canaliser une telle nature (ou en profitent bassement), avant de se rendre compte de l'échec programmé de leur démarche.
Certaines féministes voient dans cet ouvrage avilissement et soumission de la femme, alors que l'oeuvre raconte profondément l?inverse. Le Déclic orchestre une totale acceptation des désirs charnels, où l?acte sexuel s'avère décomplexé, montré dans toute son explosivité. Le Déclic est une véritable ode à la sensualité et l'acceptation de ses envies qui nous tenaillent, un chant de libération sexuelle féministe.
Le sexe, intensément et pratiqué sans contraintes, est un objet libérateur permettant d'extérioriser nos énergies latentes et déviantes.
CLAUDIA ET MOI
J'adore le premier tome, qui est un classique indémodable! Relire cette oeuvre aujourd'hui m'émoustille toujours autant. Comme à la première lecture, je mouille et je ne résiste pas longtemps à une furieuse envie de me branler le clito.
Quel incroyable choc fut pour moi la découverte de cet album quand j'étais adolescente ! Avec la lecture d?Emmanuelle, la découverte du Déclic a contribué à mon hypersexualité. J'avais découvert clandestinement ces deux ouvrages dans « l'enfer » de la bibliothèque paternelle, après avoir repéré où il mettait la clé.
Désormais je rêvais d?être à la fois Emmanuelle et Claudia. Emmanuelle était un texte, qui, à la première lecture, restait encore largement mystérieux pour la pucelle innocente que j'étais encore, même si j'avais compris que la transformation de mon corps changeait le regard des hommes sur moi et leur comportement, y compris celui de mon père, dont j?étais follement amoureuse. J?avais vite compris ce que je provoquais en boutonnant mal mon chemisier, en ne portant pas de soutien-gorge, en choisissant des jeans serrés ou des jupes courtes, pour mettre en valeur mon joli cul ou mes jambes.
Après Emmanuelle, le Déclic avait été ma seconde « lecture coupable » et m'avait permis de comprendre les jeux pour adultes. Je prenais conscience que le sexe était destiné à bien autre chose que simplement se reproduire. Il n'était plus limité à ce que mes parents avaient fait pour me mettre au monde. Cela expliquait aussi ce que j?avais observé clandestinement de leurs ébats, ensemble ou avec leurs amants.
Je découvrais donc plus que le sexe. Certains parleront de perversion, Manara représentant toutes les turpitudes : fist fucking, sodomie, adultère, domination, asservissement libidineux... J'avais désormais toutes les clés, je n'ignorais plus rien des origines du plaisir.
Les plaisirs solitaires, que je pratiquais assidument, ne me suffisaient plus. J?étais désormais envieuse de l?extase qu?a dessiné Manara sur le visage de Claudia et des cris de plaisir qu?exprimait la femme avec le mâle, même ma mère, si sévère avec moi et si libérée dans les bras de son amant. Ma virginité, que je rêvais de perdre, me semblait être un carcan. Je voulais m?en libérer, mais pas avec n?importe qui. Pas avec mes condisciples, ces ado boutonneux qui devaient se branler à mon sujet, car ils avaient bien compris que j?étais chaude. Je n?étais pas pour eux. Comme je l?ai déjà dit, en réponse à des questions qui m?ont été posées, c?est dans les bras de mon père que j?aurais tant voulu être Claudia. Parce qu?il n?a pas osé aller au bout de mon désir, j?ai offert à d?autres ce qu?il n?a pas voulu prendre.
Chacun sait aussi que je suis profondément bisexuelle. Une jolie femme provoque chez moi le désir de connaître entre ses bras le divin plaisir saphique. En lisant, plus tard, le tome 4 de la série, j'avais envie d'être Angélina et de pouvoir caresser et moi aussi faire jouir Claudia.
Oui, je me sens Claudia, parce ce que j'aime ce qu'elle découvre sous l'effet du Déclic :
- M'exhiber d'abord, montrer le plus possible mon décolleté, libéré de tout soutien-gorge, mes jambes, mes cuisses, mon cul. Si je pouvais vivre nue, j?en serai heureuse, pour pouvoir être toujours disponible pour une saillie de la part d?un mâle. Comme Claudia, je pratique sans limites la masturbation.
- J'aime, comme elle, les mâles et constater le désir que je provoque chez eux. J'aime les masturber, faire jaillir leur jouissance dans ma main ou ma bouche.
- Comme Claudia, naturellement, j'aime être possédée, y compris par la « voie étroite ».
Evidemment je ne suis pas Claudia, même si j'en ai rêvé.
Comme Philippe n'est pas Maitre Christiani. Christiani refoule son candaulisme, même s'il ne peut pas le cacher complétement. Lorsque, sous ses yeux, Claudia suce un inconnu au cinéma puis se fait sodomiser, il ne peut s'empêcher d'éjaculer, sans même se toucher. De même, dans le second tome, c?est lui qui place Faust sur la route de Claudia, avec le Déclic. Vengeance ou perversité de voir son épouse s?avilir ? Dans d'autres épisodes de la série, il tente par tous les moyens de « guérir » Claudia. Il se montre aussi brutal avec elle à plusieurs occasions, d'autant que son comportement scandaleux ruine sa carrière. En définitive, ce mari repoussant méritait une telle épouse et on se réjouit de le voir cocufier.
Dans mon histoire, que je raconte avec les différents chapitres de « Philippe le mari candauliste et Olga l'épouse hypersexuelle », j'ai connu une « phase de déclic ». C'est la période où j'étais sous l'emprise de Rachid. Non pas que le petit boîtier manipulé par le docteur Fez existe et qu'il ait été implanté en moi. Mais Rachid a agi sur moi comme un déclencheur qui m'a fait découvrir tout mon potentiel sexuel et tous les plaisirs, jusqu?aux plus extrêmes. J'étais sous sa dépendance et je n'avais plus le contrôle, pas plus que Philippe, qui avait été à l'origine de cette situation mais qui lui avait échappé. Et c?est dans ce sens que la façon dont Claudia subit son déclic et la façon dont j'étais soumise à Rachid confinaient à la nymphomanie.
C'est en reprenant la maîtrise de mon « déclic », c'est-à-dire de mon hypersexualité, avec l'aide de l'homme de ma vie, Philippe, que je connais depuis le « Déclic heureux », loin des excès destructeurs, pour mon plaisir et celui de mon mari candauliste.
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