Microfictions : 7- 1968

Me voilà, moi Eliane, entrée dans ma quatre-vingt dixième année mais je vous rassure tout de suite, je ne vais pas vous raconter mes dernières frasques sexuelles, d'ailleurs inexistantes. C'est simplement l'anniversaire annoncé des 50 ans de mai 68 qui m'incite à écrire ici. J'avais quarante ans à l'époque. J'enseignais l'anglais dans un lycée de garçons car oui, la mixité n'existait pas encore. J'étais mariée, j'avais deux s adolescents mais j'avais vécu une bonne partie de ma vie dans l'ancien monde. En fait, j'avais commencé à me décoincer un peu avant les événements. La mode de la mini jupe m'avait inspirée. J'enviais la liberté des jeunes femmes, souvent anglaises, qui montraient leurs jambes sans complexe. Les miennes n'étant pas moches, j'osais un jour me présenter au lycée avec une jupe chocolat m'arrivant nettement au-dessus du genou, assortie à un sweeter crème assez moulant qui faisait saillir mes seins en poire. J'avais défait mon chignon et laissé mes cheveux auburn tomber sur mes épaules. A l'époque, les élèves ne traitaient pas leur prof de salope parce qu'elle s'habillait sexy. A peine si j'entendis un murmure. Du côté des collègues mâles, en revanche, je lus quelques regards de désapprobation, mais aussi des yeux pétillants, c'était selon. La blonde Myriam, ma collègue prof d'allemand, quadra comme moi, m'imita dès le lendemain puis bientôt la brune Jeannine, prof d'histoire géo trentenaire, vrai canon celle-là avec ses cheveux coupés courts. Nous formions, dans l'esprit de certains, le trio avancé des femmes libérées par la grâce d'une jupette. J'ajoutais à la mienne un ensemble vermillon composé d'une jupe toujours aussi courte et d'un cardigan assorti boutonné sur le devant afin de changer pendant la semaine.

La présence dans les classes de jeunes mâles aux forts taux de testostérone eut pour effet, je le reconnais, d'exciter mon imagination. Combien d'entre eux se masturbaient le soir en pensant à moi ? La salle où j'officiais disposait, dans un coin, d'un bureau fermé sur mes jambes, ce que regrettaient sûrement les élèves du premier rang.

En revanche, à l'autre bout, face au tableau, une rangée disposait d'une vue imprenable sur ma chaise et son occupante, en l'occurrence moi-même. Je pris bientôt un malin plaisir, tout en faisant cours, à pivoter sur cette chaise et offrir aux élèves ainsi placés dans la perspective un panorama complet de mes cuisses découvertes par la jupe ment retroussée et parfois même une vision fugitive de mon slip, bien que je m'efforçasse de ne pas écarter les jambes. Enfin, pas toujours évident de maitriser ses mouvements. Je vérifiais sans peine l'effet produit sur les visages empourprés de certains élèves, goguenards chez d'autres, que j'interrogeais alors non sans perversité pour les ramener à la réalité des études. Comme un lycée est une caisse de résonance, j'eus bientôt vent de ma réputation de légèreté, heureusement partagée par Myriam et Jeannine qui, de leur côté, ne faisaient pas davantage que moi dans la sobriété. Leurs cuisses devinrent bientôt aussi notoires que les miennes.
Du côté de l'administration, on faisait profil bas. Nous étions des femmes mûres et respectables, professionnellement chevronnées, et il était délicat de nous prendre en défaut. D'autant que la mode du mini, en dehors du lycée, se généralisait. Mai 68 et ses lendemains firent le reste.
Sur le plan personnel, mon mari ne vit pas d'inconvénient à ce que je "montre mes genoux". Cela n'entraina pas pour autant de sa part une stimulation sexuelle, ce que je déplorais. Alors que la parole se libérait, que les écrans comportaient de plus en plus de scènes de nu réalistes, j'avais l'impression de rester en retrait du monde. Nous en parlions souvent avec Myriam. Elle m'avoua un jour qu'un des profs de gym la draguait ouvertement et qu'elle était prête à succomber. Je ne la décourageais pas et quelques jours plus tard, elle m'avoua avoir capitulé sans condition en se faisant prendre dans l'arrière salle du gymnase parmi les médecine balls et les tapis de sol, sur lesquels elle avait connu "le plus violent orgasme de sa vie".
Elle me donna force détails, raconta les diverses positions adoptées, évoqua la taille du pénis de son athlète et sa manière de s'en servir, avoua même mezzo voce avoir été sodomisée et en avoir éprouvé un plaisir inattendu, bref la totale pour me faire mouiller.
Ce fut pour moi comme un déclic. Pas question de se laisser distancer par une collègue de mon âge, qui plus est enseignante d'une langue concurrente à la mienne ! Restait à trouver le bon client. Je me fis encore plus aguicheuse. Une fois quittée la classe, je déboutonnai un ou deux boutons en haut de mon gilet rouge lorsque je passais près de la surveillance générale où quelques jeunes pions fringants venaient chercher leur emploi du temps. L'un d'eux remarqua mon manège et me fit du plat. C'était un grand brun sec aux yeux de braise, qui me déshabillait du regard. Nous conversions ensemble en faisant mine de ne pas entendre des petits malins de terminale murmurant dans notre dos "il la baisera pas, il la baisera pas". En fait, si, il m'a baisée, et bien baisée. L'affaire se déroula dans sa piaule d'étudiant, un vrai foutoir soit dit en passant, où il m'avait invitée à prendre un café, ce que j'avais accepté en faisant mine d'hésiter.
Faute de siège, je m'étais assise sur le lit (pas fait) et ainsi avais dévoilé largement mes cuisses rondes. J'avais à peine commencé à siroter mon café (soluble) qu'il avait glissé une main sous ma jupe. Je le repoussais une première fois en protestant, puis une deuxième et enfin décidai de poser ma tasse pour l'embrasser à pleine bouche pendant qu'il explorait mon slip. Vu l'état dans lequel j'étais, il ne risquait pas de débander, d'autant que je ne tardai par à le libérer et à expulser un pénis que je jugeai d'emblée phénoménal. De quoi paraitre fortunée auprès de Myriam. Je m'empressai de l'emboucher pendant que le gaillard me débarrassait de mon cardigan et de mon soutif. J'avais la bouche totalement remplie de son gland que j'enroulai de ma langue. Une furieuse envie d'être pénétrée me prit et j'achevais de me dévêtir avant de m'affaler sur le lit, cuisses ouvertes, en attente.

Quand il s'enfonça en moi, j'eus la sensation d'un pieu brûlant entrant dans mon tréfonds visitant des lieux inexplorés. O temps béni de l'amour sans capote ! Le gars ne faisait pas dans la demi mesure. Il me pilonna, me fouilla, me dévasta par devant, par derrière, sur le côté, couché, assis, debout, sans débander une seconde. Une telle vitalité me changeait de l'amour doux mais un peu poussif de mon mari une fois par quinzaine, au mieux. Et j'en redemandai, l'implorant de continuer son travail exploratoire. Je ne fis aucune objection à la sodomie, ne voulant pas paraitre en retrait de Myriam, mais je dois reconnaitre que l'entrée fut un peu douloureuse, n'ayant jamais été visitée en cet endroit. Mais une fois dans la place, le garçon sut se comporter en bon enculeur, à tel point d'ailleurs que, stimulé par les rotations de ma croupe, il éjacula dans mon rectum, ce qui au fond m'arrangeait, n'étant pas ménopausée à l'époque et n'ayant qu'une confiance mesurée dans la pilule.
Pour moi, une nouvelle époque commença. Avec Myriam, on baisait à tour de bras, si j'ose dire, s'échangeant nos amants et parfois même, mélangeant nos cris de plaisir, possédées que nous étions dans le même lit par deux gaillards interchangeables. Je découvrais la baise, la vraie, et ne m'en lassait pas. Mais comme il était prévisible, tout cela se termina, pour Myriam et moi, par un divorce. La fête de mai eut à la fin un goût amer. Cela n'entama pas notre goût pour le libertinage et plus tard, une autre vie de couple... mais c'est une autre histoire.

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