Journal De Ma Vie Amoureuse (Histoire Fictive) - Chapitre 2 : Aveux
Le samedi soir, Sylvain vient me chercher. Il me regarde de la tête aux pieds, et secoue la tête. Ma tenue ne semble pas lui plaire. Je porte un simple tee-shirt et un jean un peu large. Jévite le plus possible les vêtements moulants, pour quon ne remarque pas trop mon entrejambe. Il me traine dans ma chambre, et fouille mon armoire. Lui-même porte un jean beige très près du corps, et une chemisette cintrée dont les premiers boutons sont défaits. Il est plus sexy que jamais. Je nai quune envie, me coller contre lui et embrasser sa gorge. Depuis lautre jour, il ne sest rien passé.
Il sort de mon placard plusieurs vêtements quil rejette. Je me doute de ce quil cherche, et il ne trouvera rien. Pas de trucs moulants ou serrés, à part mes boxers. Il fouille partout et se tourne vers moi, désespéré. Je ne lui ai pas encore parlé de mon sexe, on névoque pas ce genre de sujets. En fait, je fais tout pour léviter, je crains de leffrayer. En plus, cest un sujet très intime, et on se connait à peine. Je veux encore attendre avant de faire cet aveu, mais je sens quil va me réclamer une explication sur ma garde-robe, alors je prends les devants :
-Je naime pas les vêtements moulants.
-Je vois ça, et je ne comprends pas pourquoi. Tu as un corps splendide.
-Merci pour le compliment, mais cest surtout les pantalons serrés que jévite.
-Là, tu éveilles ma curiosité. Quest-ce que tu caches ?
-Quelque chose, dis-je mystérieux, que tu sauras un autre jour.
-Mec, ça y est, rigole-t-il, je suis en mode détective. Je vais savoir le fin mot de cette histoire.
-Pour ça, il faudra que tu couches avec moi, cest le seul moyen.
-Tentant, je suis persuadé que tu es doué. Je voulais te demander pardon pour le baiser de lautre soir, je naurais pas dû. Cest la première fois depuis ma rupture, que je rencontre quelquun daussi intéressant.
-Tinquiète, je ne lai pas mal pris, cétait bon.
-Tu me plais oui, et je ne suis jamais sorti avec un rouquin. Mais bon, on est juste pote, et on va être en retard.
-Attends, ne va pas croire que je te drague ou autre. Tu me plais aussi, et je comprends que tu veuilles prendre ton temps.
-Mon ex, il avait quarante ans, ce que je savais pas, cétait quil était marié avec deux gosses. Ça a duré presque deux ans, jétais très amoureux de lui. Javais fait des projets, et quand jai découvert la vérité, ça ma tué. Jai tout quitté, et je suis revenu vivre chez mon père. Cétait il y a deux mois.
-Oh, dis-je un peu choqué, je suis désolé. Tu as bien raison de ne pas te lancer dans une nouvelle histoire.
-Et toi alors ? Ta dernière histoire ?
-Jen ai jamais eu, les mecs ne veulent quune seule chose de moi, du sexe, et parfois, je le leur procure. On va dire que je les fais hurler de plaisir.
-Jai pigé, sexclame-t-il soudain, tu as une grosse bite, et tu en as honte. Tu veux que les gens taiment pour toi, pas pour elle.
-Cest ça, et je fais tout pour quon ne la remarque pas.
-Tes un gars bien, tu sais, et tu trouveras le mec qui te convient.
-Cest peut-être toi, tenté-je.
-Non, je suis complétement brisé, et il ne vaut mieux pas que ta première histoire commence par ce genre dépreuves.
-Jaime les défis, répondis-je, mais je respecte ton choix.
-Je ten remercie, jaimerais tant pouvoir te dire oui, je me sens bien avec toi.
-Alors, on reste amis.
Il sapproche de moi et me serre dans ses bras. Je me colle à lui, et hume son doux parfum de musc. On sest souvent vus dans la semaine, au garage quand il a récupéré sa voiture et mon numéro de portable, puis jeudi soir, il est passé pour discuter et hier soir, on est allé se balader. Le courant passe bien entre nous, et son aveu me prouve quil est sous le charme. Je ne veux rien forcer, sinon je risque de le perdre.
Je sers des sodas et des chips avec du guacamole maison. Sylvain sassoit en tailleur, après avoir enlevé ses chaussures. Son regard est toujours triste, et il est plongé dans ses pensées. Je me mets face à lui, aussi en tailleur. Ce nest pas une position que jaffectionne, ça me donne des fourmis, mais je nai pas le choix. Sylvain boit une longue gorgée et je le ressers. Jattends quil prenne la parole, je sens quil a besoin de vider son sac. Je sirote mon soda en lobservant attentivement. Il nest plus aussi confiant, il semble perdu et effrayé, comme un , ce quil est en quelque sorte. Je pensais quil avait dans les vingt-cinq ans, non, il a à peine vingt ans. Il fait plus vieux, et il est très mature :
-Javais dix-huit ans quand je lai connu, raconte-t-il. Enfin presque. Il a attendu que je sois majeur pour membrasser la première fois. Mon premier baiser, et le premier mec de ma vie. Jai toujours eu du mal à accepte mon homosexualité, je voulais être normal, comme tout le monde. Cest con, hein ? Et tu vas rire, je le veux toujours.
-Tu sais, dis-je doucement, tu es normal. Etre gay nest pas une tare.
-Cest pas ça, le souci. Cest juste que je veux quon me voit pour ce que je suis, pas pour ma sexualité. Un peu comme toi avec ta queue.
-Daccord, je comprends, continue.
-Bref, il ma vu pour moi, et je suis tombé amoureux de lui. Il était tendre, attentionné, prévenant, et très patient. Et marié. Jétais heureux avec lui. Ça a duré deux ans, et je faisais des projets davenir avec lui. Je lui ai dit « Je taime », et il me la dit aussi.
-Tu nes pas obligé de tout me raconter, linterrompis-je.
-Non, maintenant que jai commencé, je dois finir. Tu es le premier à qui jen parle, sauf mon psy. Jhabitais à Clermont, jétais étudiant. Je suis rentré dans ma chambre, et jai avalé des cachets. Cest un de mes amis qui ma trouvé, je lui avais laissé un double de mes clefs, au cas où. Il a appelé les pompiers, et voilà, ils mont sauvé. Je suis resté deux mois en psychiatrie. Tinquiète, je vais mieux, je ne suis pas dingue. Je vois mon psy toutes les semaines, cest pour ça aussi que je rentré chez mon père. Je nai pas exagéré en te disant que je suis détruit.
-Et je nexagère pas quand je te dis que jaime les défis. Ça ne me fait pas peur de taider. Je te parle pas de sortir ensemble.
-Merci, tu es le meilleur. Sauf que je crois que je pourrais tomber amoureux de toi. Une part de moi en a envie, mais jai peur de te faire du mal et de te détruire en retour.
-On va y aller doucement. Déjà, on va se voir en ami, et jinsiste, en ami. Pas de sexe, pas de bisous, rien. On fait comme ce soir, on discute. On verra avec le temps.
-Daccord.
Une larme coule de son il, la seule quil na pas pu retenir. Je lui serre les mains, et le flot sécoule. Je lattire à moi et le berce tendrement. Il avait dû revivre le calvaire de sa seule relation sérieuse pour me la raconter. Ce garçon est dune force incroyable. Je le laisse pleurer tout son soul, il en a besoin. Il saccroche à moi comme sil se noyait, et ses larmes coulent.
Sylvain finit par se calmer, mais il reste collé contre moi, la tête contre mon épaule. La situation séternise, mon corps séchauffe. Cela fait quelques semaines quon ne ma pas touché, et là, un beau mec refuse de me lâcher. Je nose pas le repousser, mais son contact mexcite vraiment. Mon sexe, ce traitre, gonfle lentement. Je me dandine un peu et jessaye de penser à autre chose. Le parfum de Sylvain menivre littéralement. Sa chemise est défaite dans son dos, là où mes mains sont posées. Il a la peau douce sous mes doigts calleux. Sylvain finit par se redresser et ouvre la bouche de surprise en constatant mon état :
-Désolé, dis-je.
-Tinquiète, je suis pas mieux.
Il me montre sa propre érection, et on éclate de rire. Lavenir va être intéressant entre nous deux. En tout cas, ça a le mérite de casser cette ambiance morose. La mélancolie continue à hanter son regard, mais il fait de son mieux pour être de bonne humeur. Pour laider, je lui raconte quelques uns de mes secrets. Peu de gens me connaissent vraiment, je marrange toujours pour en dire le moins possible, juste lessentiel. Avec Sylvain, je sens que je peux lui révéler certains faits de mon passé. Après tout, il vient de souvrir à moi sur un sujet très personnel. Avec un sourire, je déballe une de mes histoires :
-Je viens dAinay-le-Château, je sais pas si tu connais
-Jy suis allé une fois quand javais six ou sept ans. Jai pas aimé.
-Je te comprends, jy ai vécu jusquà mes treize ans. Cest là que jai attéri en foyer daccueil, après la mort de mes parents. Cétait dans un accident de voiture, un type ivre qui roulait dans le mauvais sens. Jétais à la maison, ce sont les gendarmes qui sont venus me chercher. Ils mont emmené voir une assistante sociale qui ma conduit dans un centre durgence. Jai pas dautre famille. Jy ai passé quelques semaines, et on ma placé ailleurs dans une belle maison avec dautres jeunes.
-Cétait comment ?, me demande-t-il en mangeant une chips.
-Pas comme tu limagines. Javais ma propre chambre, et je mentendais bien avec les autres. Les éducateurs étaient sympas, jai gardé le contact avec eux. Parfois, je passe là-bas pour parler avec les jeunes et leur montrer que leur vie peut saméliorer. Cétait pas tout rose, bien sûr, douze ados plein dhormones sous le même toit, ça cause des frictions. Et non, je nai pas perdu ma virginité avec un gars du foyer. Cétait avec quelquun dautre et ailleurs.
-Garde cette histoire pour un autre jour, marrête-t-il.
-Je vais pas te raconter ce désastre complet, rigolé-je. Bref, jai fini le collège, et jai fait un apprentissage. Javais pas trop le choix, jétais pas très doué à lécole. Jai eu mon CAP et un coup de pouce pour mon premier studio. Depuis mes dix-huit ans, je me débrouille seul.
-Tes parents seraient fiers de celui que tu es devenu. Je tenvie dans un sens, tu ne tes pas effondré quand tu as tout perdu, pas comme moi.
-Ne compare pas nos deux situations, répliqué-je doucement. Il ma fallu du temps pour admettre la mort de mes parents. Je me suis effondré, jai pleuré, hurlé, maudit le monde entier. Je jetais la nourriture sur les murs, je refusais de me laver, de sortir, de voir des gens. Les éducateurs envisageaient de mhospitaliser.
-Comment tu ten es sorti ?
-Coralie, elle sest glissée dans ma chambre et ma parlé tout simplement.
-Cest bien son genre. Je la rencontrée chez le psy, à mon arrivée, et on sest tout de suite entendus.
-Cest son pouvoir secret. On a été palcé dans le même foyer. Elle a toujours ses parents.
-Alors, je la remercie pour ce quelle a fait.
Sylvain se penche vers moi et pose ses lèvres contre les miennes. Sa langue caresse mes lèvres et jouvre la bouche par réflexe. Elle sy insinue et très vite, nous échangeons un long baiser un peu timide. Jai oublié quil na jamais embrassé quun seul homme dans sa vie. Je mets fin à ce baiser parce que je réalise quil nest peut-être pas amoureux de moi. Je suis le premier mec quil laisse approcher et ma gentillesse le touche tant quil mélange tout. Je ne veux pas de ça, ça pourrait nous faire souffrir. Pourtant, quelque chose me dit quil a des sentiments pour moi, des vrais. Il commence à déboutonner sa chemise, et je larrête :
-Pas ça, non, dis-je. Jen ai envie, mais pas ce soir. On a dit quon prenait notre temps.
-Tu as raison, réplique-t-il, déçu. Tu embrasses bien.
-Toi aussi. Je ne te rejette pas, je crois juste quil est plus prudent dattendre, le sexe est un acte important pour moi.
-Oui, cest vrai, dit-il rassuré. Je ferai mieux de filer. On se voit demain ?
-Je peux pas, je dois faire un truc important. Je ne serai pas en ville de la journée. Je tappelle à mon retour, et je passe te voir, promis.
-Daccord, répond-t-il encore une fois déçu. Je vais mennuyer, jai rien à faire, demain.
-Appelle Coralie, elle sera ravie de te raconter certains trucs sur moi.
-Je peux venir avec toi ?
-Jaimerais bien, mais non, cest quelque chose que je dois faire seul.
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