Journal De Ma Vie Amoureuse (Histoire Fictive) - Chapitre 3 : Passé

-Salut Papa, Maman. Je sais que ça fait longtemps que je ne suis pas venu, j’ai eu beaucoup de travail.
Je m’agenouille et j’arrache les mauvaises herbes. Elles se sont accumulées durant les derniers mois, et je m’en veux d’avoir négligé leur tombe. Je jette les fleurs fanées laissées par des amis, et j’en remets des fraiches que j’ai achetées le matin même. Ensuite, je passe un coup d’éponge sur le marbre, il est plein de poussière. Le soleil tape fort et très vite, je me mets à transpirer. Mon tee-shirt colle à ma peau, et je commence à rougir. Il n’y a pas d’ombre au cimetière, et comme toujours, je me dis que ce ne serait pas du luxe de planter quelques arbres. Je finis mon travail et je vais jeter l’eau et rincer mon éponge. J’en profite pour m’asperger le visage. J’ai oublié de prendre ma bouteille d’eau, tant pis, je vais attendre un peu.
-Ça y est, les travaux sont finis. Je vais mettre la maison en vente. Vous auriez préféré que je la garde, mais c’est trop grand pour moi. J’habite à Montluçon, maintenant, ma vie est là-bas. Je suis heureux, j’ai rencontré quelqu’un. Il s’appelle Sylvain, il a vingt ans. Je l’aime bien, mais il est fragile. J’ai peur de le bousculer, et en même temps, il fait tout pour ça. Bref, je suis un peu perdu. Il s’attache à toute vitesse, c’est un peu de ma faute. Que faire ? Hier, il a fait la tête parce que je lui ai dit que je ne peux pas le voir. Ça me fait mal, parce qu’il a beaucoup souffert et tout. Il joue les mecs sûrs de lui, en fait, il ne sait pas comment agir. Sa seule expérience n’est pas représentative ; c’est comme s’il n’avait jamais rien fait. Je sais pas si j’arriverais encore à résister s’il me chauffe.
Je continue à dérouler ainsi le fil de mes sentiments, oubliant ma soif et la chaleur. Durant mon adolescence, je n’ai pas eu l’occasion d’aller souvent sur leur tombe. Les éducateurs m’y emmenaient dès que possible, pas assez à mon gout. Dès que j’ai eu mon permis et une voiture, grâce à l’héritage que j’ai reçu, je me suis précipité au cimetière et j’ai pris soin de la tombe.

J’ai alors juré de revenir toutes les semaines et je l’ai fait, jusqu’à ce que mon travail me submerge. Je sais qu’ils ne m’en veulent pas, ils sont heureux que j’ai une vie bien remplie.
Quand la soif devient trop pressante, je repars. Ma gorge est aussi sèche que le désert, et je me rue sur ma bouteille. L’eau est chaude, mais tant pis. Cela fait un bien fou. Je consulte mon portable, j’ai reçu plusieurs messages, dont un de Sylvain. Il me demande comment je vais, et s’il peut passer. Je regarde l’heure de son message, aïe, il me l’a envoyé pendant que je parlais à mes parents. J’hésite à lui répondre tout de suite, je ne veux pas qu’il se fasse de fausses idées. Dans un autre sens, j’ai peur qu’il pense que je le rejette. Je me demande quelle décision prendre. Le mieux est d’attendre encore un peu, et de m’excuser en lui disant que je n’avais pas mon portable sur moi.
Rassuré par mon choix, je démarre et je vais voir la maison. Au contraire du cimetière, je fais mon possible pour ne pas y aller. J’y ai trop de mauvais souvenirs. Pourtant, c’est une belle maison en pierre sur deux étages avec un terrain d’environ mille mètre carrés. J’entre par la porte de devant, en bois avec une vitre polie, directement sur la pièce à vivre brillamment éclairée par la baie vitrée donnant sur le jardin. Les ouvriers ont fait un excellent travail, les murs beiges sont sains et le parquet luisant. Il n’y a plus aucune fissure ni moisissure. La cheminée a été nettoyée et débarrassée de ses traces noires.
Je m’avance vers la cuisine qui a subi un relooking. On a arraché les vieux meubles pour les remplacer par du neuf, dans le même style que les anciens, en bois brun. Le plan de travail est en imitation marbre, et les murs carrelés au-dessus de l’évier en inox. Il manque juste l’électroménager et une table. Il n’y a plus aucune trace de ma vie passée ici. Ça me rend un peu triste, parce que j’ai vécu dans cette maison, et la cuisine a toujours été ma pièce favorite.
Ma mère était une excellente cuisinière, et ça sentait toujours bon les gâteaux qui cuisaient dans le four. Je verse quelques larmes sur ce passé, et je monte à l’étage.
Il y a quatre chambres, là-haut, et deux salles de bain, une pour les parents, l’autre pour les s. Là aussi, les murs sont beiges avec un parquet qui grince légèrement. Je fonce dans mon ancienne chambre, la dernière du couloir. C’est la plus petite, et je m’y sentais bien, à l’époque. Aujourd’hui, elle est vide, mais quand je dormais dedans, il y avait un petit lit, une commode, une grande étagère pour mes livres et des posters partout. Tout a été vendu ou jeté à leur mort, il n’est resté que la maison que je refusais de vendre jusque-là. C’était mon dernier lien avec mes parents, du moins c’était ce que je croyais.
Je redescends, et je sors dans le jardin. Je note de demander à faire tondre la pelouse et tailler les arbres. Je pourrais le faire moi-même, mais je préfère laisser un professionnel s’en charger, ce sera mieux pour les futurs acquéreurs, et pour moi aussi. Je ne veux pas passer plus de temps que nécessaire en ces lieux. Je fais le tour du terrain clos en me rappelant les visites de mes amis, les repas en été et le potager de mon père. Il n’existe plus, mais je me souviens parfaitement de son emplacement. Ma mère avait prévu de construire une terrasse, et faire poser un store pour ombrager. Elle avait fait faire des devis, et tout. Je rejette ces souvenirs, et je finis ma visite par la cave pour voir la chaudière neuve.
Ces travaux m’ont coûté les yeux de la tête, mais grâce à mon héritage, j’ai pu tout financer. L’argent de la vente de la maison me permettra de compenser largement. Je ferme les volets et la porte d’entrée, et je jette un dernier coup d’œil plein de nostalgie. Je lutte contre ce souvenir qui veut à tout prix remonter à la surface. Je serre les dents et je finis par gagner la bataille, épuisé mentalement. D’avoir parlé d’eux avec Sylvain, la veille, a amoindri mes défenses.
Je me dépêche de remonter en voiture pour fuir ce lieu. Là, mon téléphone sonne, c’est lui :
-Ah, tu réponds enfin, dit-il grognon.
-Désolé, répondis-je agacé, je t’ai dit que j’étais occupé aujourd’hui, un truc important. Je suis pas en ville, et je suis crevé.
-Pardonne-moi je te laisse.
Et il raccroche. Son ton a été très dur, teinté de tristesse. J’avoue que je n’aurais pas dû lui parler comme ça, mais je commence à avoir la migraine à cause de la chaleur. Je le rappelle, et tombe sur le répondeur. Je laisse un message : « Désolé, c’est juste que j’ai mal au crâne et je viens de faire un truc qui me touche de près. Là, je vais rentrer, viens me voir ce soir ». Je pose mon téléphone, et je démarre sans un regard en arrière.
Une fois chez moi, je file prendre une douche, et je m’allonge nu sur mon lit, les stores baissés. Ma migraine empire, j’ai un coup de soleil sur le visage et le cou. J’ai pris une aspirine et je m’endors. Je rêve de mes parents, de ma jeunesse, du jour où je suis tombé d’un arbre du jardin, et que je m’en suis sorti avec une foulure, à la première fois où mon père m’a mis un rabot dans les mains, et que j’ai découvert le travail du bois. Tous mes bons souvenirs reviennent à la surface, comme les mauvais (les engueulades à propos de mes notes, par exemple), et je vois arriver le pire de tous. J’essaye de me réveiller mais quelque chose veut me forcer à revivre ce moment.
Je suis au salon, je finis une rédaction en regardant la télévision. Je suis concentré sur ma copie, le son n’est là que pour meubler le silence. Un feu brûle dans la cheminée, il fait bon. Dehors, il fait un froid de canard, l’herbe est couverte de neige, la route gelée. On est en janvier. Mes parents sont sortis faire quelques courses, il est à peine dix-huit heures trente. Je mets un point final à ma rédaction, et je la relis pour vérifier les fautes. Ce n’est pas un chef d’œuvre, mais au moins, c’est fait et j’ai respecté les consignes.
Je la range dans mon classeur et je m’accorde un répit en regardant la télévision. Je zappe sans rien trouver d’intéressant. Et c’est là qu’on sonne à la porte. Je vais ouvrir, étonné par cette visite.
-Bonsoir, tu es Loïc ?, demande un gendarme.
-Oui, répondis-je timidement. Il y a un problème ?
-Tu peux mettre tes chaussures et un blouson, et nous suivre ?
J’obéis, je reconnais ces deux gendarmes, ils font souvent des contrôles près de chez moi. Ils me font monter dans leur véhicule, j’ai peur. Ils ont le visage grave, et me jettent de fréquents coups d’œil. Je sens qu’il s’est passé quelque chose. A cause du givre, le véhicule roule doucement, et ça augmente ma panique. Pourquoi mes parents ne sont-ils pas là ? Des larmes coulent sur mes joues, et je renifle. L’un des gendarmes me tend un mouchoir en papier, et je me mouche.
On finit par arriver au commissariat, on monte dans un bureau bien chauffé, et on me donne un chocolat chaud infect. Une dame entre et chuchote quelque chose à l’oreille des deux gendarmes. Ils sortent et ferment la porte derrière eux. La femme s’assoit près de moi, elle est jolie, les cheveux bruns bouclés, un visage avenant. Son regard surtout me marque, plein d’attention et une volonté de ne pas me faire de mal. J’avale mon chocolat en grimaçant, et je pose le gobelet vide sur le bureau. La dame m’observe et se décide enfin à parler :
-Loïc, dit-elle de sa voix douce, je m’appelle Catherine Roustin, je suis assistante sociale. Tu sais ce que c’est ?
-Vous vous occupez des familles en difficulté, vous les sortez de la mouise.
-C’est un peu ça, oui. J’aide aussi les s comme toi, c’est une partie de mon travail qui n’est pas très agréable. Voilà, tes parents ont eu un accident, et ils sont morts.
Ces mots, je refuse de les entendre. Pourtant, ils m’atteignent, et je ne les comprends pas. Catherine se lance dans une explication où les mots « accident » et « mort » reviennent souvent. Je fais tout pour ne pas écouter, car ce serait rendre réel cet accident. Le déni est plus facile à vivre. Mes parents ne sont pas morts, ils sont derrière cette porte, c’est une blague. Je me lève, et j’essaye de partir. Catherine me retient et me force à me rassoir. Elle continue ses explications, et je refuse toujours d’écouter. Elle sent ma réticence et se montre patiente. Elle recommence à parler et je hurle pour couvrir sa voix. Je deviens hystérique, je nie la réalité.
Alors, elle me serre dans ses bras, et j’éclate en sanglot. La réalité me ratt, mes parents sont morts. Jamais ils ne m’auraient fait cette blague en m’entendant hurler ainsi. Elle me berce et je me calme un peu. Je suis à l’écoute maintenant. Elle m’annonce que je dois aller vivre dans un foyer, et qu’elle va me conduire là-bas après avoir pris quelques affaires chez moi. Je décide d’obéir et lorsque la porte s’ouvre, je me réveille en hurlant. Mes joues sont baignées de larmes mêlées à ma sueur. On sonne à ma porte. Je regarde l’heure, il est vingt heures. J’enfile un boxer et j’ouvre la porte :
-Salut, dit Sylvain en rougissant. Je te réveille ?
-Oui, je me suis endormi après ma douche. Entre, je vais m’habiller.
-Ça ne me gêne pas si tu restes comme ça.
-Tu m’étonnes, rigolé-je. Tu veux aussi toucher ?
-Pourquoi pas ?, répond-t-il en tendant la main. Tu en as envie ?
-Minute, jeune homme, l’arrêté-je. Qu’est-ce qu’on a dit ?
-On y va doucement, pardon.
Je relâche sa main et je me tourne. Il en profite pour tâter mes fesses. Je le laisse faire, ça ne mange pas de pain. Il me suit dans ma chambre et s’assoit sur le lit défait. Aussitôt, des images de lui nu défilent dans mon esprit. Je le désire ce garçon, et il fait son possible pour m’exciter. Ce soir, il porte son débardeur et un bermuda avec des tongues. Sa peau bronzée luit d’un léger filet de sueur, la totale pour me chauffer. J’avale ma salive avec difficulté, et j’ouvre mon armoire. Mon sexe gonfle dans mon boxer, je sens le regard de Sylvain qui fixe ma peau nue.
Je me tourne, il a la main dans son bermuda. Il se branle en me matant, les eux dégoulinant d’envie. Je m’allonge sur le lit, et je me caresse à mon tour. Ses pieds sont au niveau de mon visage, je me retiens de les embrasser, cela risquerait de dégénérer. Sylvain, lui, ne se gêne pas, et me touche. Il passe la main sur mon mollet, ça me rend dingue. Je réalise que je ne l’ai pas encore embrassé, et j’en ai soudain envie. Mon corps s’échauffe, mon sexe est tendu. Je me redresse, et att sa main pour le lever. Je mets ma main sur sa nuque, et je pose mes lèvres sur les siennes. Je les mordille, et je suce sa langue lorsqu’il la sort. On échange alors un long baiser, mélé de suçage de langue.
Il prend mon sexe en main, et je prends le sien. J’ai oublié toutes mes promesses. Il me branle, pas surpris ni dégouté par la taille de ma queue. Il la tient fermement, et l’astique avec habileté. Je ne suis pas en reste, et je m’adapte à son style. Je masse son gland, et reprends mon astiquage de sa hampe. Il a une queue peu épaisse dans les dix-sept centimètres, non circoncis, avec des couilles lourdes, une bite comme je les aime. Nos langues continuent de danser dans nos bouches. Il lâche la mienne, et nous haletons ensemble, son regard planté dans le mien. Puis, sans prévenir, je gicle, un jet puissant qui atterrit sur sa cuisse, le reste finit dans sa main. Quelques secondes plus tard, il vient à son tour, le corps tremblant. On échange un dernier baiser, et je m’effondre sur le lit.
Mon corps est complétement vide, je suis en paix. Ce que nous venons de faire est un acte naturel. Soudain, la réalité me revient en pleine figure. Cet acte naturel n’aurait pas dû se faire, du moins pas ce soir, c’est trop tôt. Pourtant, une part de moi exulte, j’ai assouvi ma passion. Sylvain m’observe toujours un sourire aux lèvres, Son regard pétille, et je ne l’en aime que davantage. Je m’avoue enfin ce que je refuse d’admettre, je suis amoureux de lui. Est-ce le véritable amour ? Je n’ai pas encore la réponse à cette question. Je sens juste que je veux mieux le connaître, et laisser mes sentiments se développer.
-Je crois qu’on a été trop vite, plaisante-t-il.
-Un peu oui, répondis-je. Tant pis, au moins, tu as vu la bête, et tu n’as pas eu peur.
-Pas une seconde. Elle est belle, comme toi. Je l’imaginais pas comme ça, je te voyais non-circoncis comme moi.
-Eh non, mes parents m’ont fait opérer quand j’étais petit, une histoire d’hygiène. Tu vas comment ?
-Bien, j’ai envie de recommencer. Et toi ?
-J’ai faim, j’ai pas encore mangé. Et je dois te parler d’un truc important.
-D’accord, dit-il apeuré, laisse-moi te préparer un truc à manger, et on parlera. Enfile quelque chose.
-Je croyais que tu me préférais nu ?
-C’est le cas, mais je veux te déshabiller pour faire durer notre plaisir, réplique-t-il en se levant.

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