Emile Et Bea 1. Une Improbable Rencontre
Nota : Ce texte est le fruit dune rencontre scripturale entre Emile (auteur déjà publié) et Bea (lectrice pleine denvies) qui ont su mettre en commun leurs imaginaires. Les protagonistes de lhistoire, bien que leurs homonymes, sont des personnages de fiction dotés dune identité et dune personnalité propres.
Le ciel est noir. Les gigantesques peupliers de la ripisylve commencent à sagiter de façon impressionnante. La rivière a pris les couleurs de la voute céleste et déroule son inquiétant ruban au bord de la petite route déserte. Cest lété et la chaleur orageuse est à son zénith. Emile se félicite de son habillement minimaliste : Short, T-Shirt, mini chaussettes à même la peau. De taille moyenne, dune rondeur rassurante, il a retrouvé depuis quelques années de lestime pour ce corps considérablement alourdi par larrêt du tabac. Son visage lisse et avenant, ses cheveux souples et argentés, lui ont permis de garder de lui une image positive. Il se plaît le plus dévêtu possible selon les circonstances. Il randonne léger. Son petit sac à dos et ses chaussures de randonnée le font déjà suffisamment transpirer. Après les rafales sous grain, arrivent les premières gouttes, brutales, violentes. Aux bouquets de feuilles arrachées succède un vol de branches mortes. Emile enfile sa cape de pluie tout en restant vigilant aux projections des arbres. Un éclair illumine, en surplomb du chemin, une grande maison récente sur deux niveaux précédée dune grande terrasse bordant une piscine. Reliée à la maison par une élégante véranda, elle est peuplée dun nombreux mobilier de jardin que le vent violent soulève et renverse à son gré.
Au centre de la terrasse, une forme féminine de taille moyenne mène le combat pour essayer de mettre à labri les quelques éléments de mobilier les plus fragiles. Pour lutter contre les éléments, elle est contrainte davancer courbée les jambes écartées et fléchies pour sancrer au sol. Elle fait un dernier va et vient de la terrasse à la véranda puis se redresse donnant à voir sa plastique agréable.
Quelques secondes passent puis une voix mélodieuse toute proche senquiert : « Ça va ? Vous avez mal ? ». Puis la jolie poitrine soffre à la contemplation en gros plan alors quune main fine et douce élimine leau mêlée de sang de devant ses yeux. Le visage doux apparait surmonté dune courte coiffure châtain et argent dans laquelle lorage sculpte de petits ruisseaux sauvages. « Venez ! » dit-elle. Elle aide Emile à se relever et le soutient jusquà lentrée de la véranda toujours entrouverte. Elle lui ôte sa cape de pluie et ressort la mettre à égoutter sous un appentis. Elle sèche son visage puis désinfecte la petite plaie au milieu du front créée par le choc. Pas plus de trois bandes de stéri-strip seront nécessaires pour la suturer. « Bienvenue chez moi ! Je mappelle Bea. » dit la jolie naïade dont les vêtements détrempés épousent un peu trop les courbes. Emile est sans voix et ne cesse de la déshabiller du regard. « Je vois que ça va mieux ! » dit Bea en riant « Je propose que nous mettions nos vêtements à égoutter sous la véranda avant dentrer dans la maison. »
Elle se livre alors à un strip-tease laborieux tant sa vêture a du mal à glisser sur sa peau.
Nos deux protagonistes se sentent entravés dans leur toge au tissu épais qui ralentit tout geste. Emile nose bouger par peur du ridicule et se contorsionne à minima. Il a la tête remplie des beautés intimes de son interlocutrice et sapplique à en conserver limage mentale. Bea, plus à laise avec ce tissus noué au-dessus de sa remarquable poitrine, bouge avec davantage daisance. Le silence devient pesant. Elle propose de servir boissons chaudes ou froides qui sont les breuvages adaptés à ce moment de laprès-midi. Il la suit des yeux puis se lève pour laccompagner jusquà la cuisine. Sa démarche est pataude entravée par la serviette et, il faut bien le dire, par un début dérection vite calmée. Lune opte pour un thé, lautre pour un café. Deux verres dorangeade viennent étancher leur soif.
Ils décident de retourner sous la véranda pour profiter du spectacle. Ils restent là presquune heure, installés côte à côte, conscients de vivre un moment exceptionnel. Le spectacle est aussi inquiétant que féérique. Éclairs et tonnerre se rapprochent. La lumière allumée dans le salon tout proche disparaît brutalement puis revient. Bea frémit, Emile lui saisit la main dun geste protecteur. Lorsque les éléments se calment, sans doute guidés par cette intimité circonstancielle, ils partagent quelques éléments de leur histoire récente. Emile parle de son intense isolement lié à la maladie de ses proches et à la perpétuelle dramatisation des réunions de famille quil fuit désormais. Il dit son impression dêtre instrumentalisé pour maintenir un lien qui ne demande quà se distendre. Bea, mère au foyer, confesse quelle a perdu ses repères lors du départ de ses s pour vivre leur vie dadultes. Elle se sent peu utile. Son conjoint, largement à lâge de la retraite, continue à faire tourner son imprimerie pour garder la vie sociale qui va avec. Il est souvent absent pour dinterminables démarches commerciales lointaines. Ces échanges créent une nouvelle chaleur humaine qui se traduit par une plus grande mobilité des corps. Les serviettes se distendent et livrent quelques petits bouts de peau à linstant encore cachés. Le vide commun de leurs vies familiales les rapproche. Leur intimité à demi dévoilée devient naturelle. Un sein se montre jusquà sa pointe tandis quen face un genou puis une cuisse se découvrent. Ils saniment, parlent de leurs convictions humanistes en évitant soigneusement tout sujet qui pourrait fâcher. A lévidence, ils ont envie de se plaire.
Lorsque lorage cesse, nous sommes aux dernières lueurs du jour à cause dune couverture nuageuse encore sombre.
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