Sortie En Forêt (Partie 1)
Huit heures trente. Aujourdhui est une journée un peu particulière. En effet, ce matin là nous navons pas rendez-vous au lycée, comme tous les jours depuis le début de lannée scolaire. Nous ne sommes pas non plus en vacances mais, dans le cadre dun cours de biologie, nos professeurs nous ont organisé une sortie en forêt, afin de nous sensibiliser à la sauvegarde despèces protégées. Rien de très passionnant à mon goût mais je suis tout de même enchanté à lidée de passer une journée qui sort un peu de lordinaire. Dautant quil fait un grand soleil, et que laprès midi sannonce plutôt chaud. Je finis donc de préparer mes affaires et me met en route. Nous avons rendez-vous à dix heures à lentrée de la forêt, qui se trouve à quelques kilomètres du lycée, où un bus nous attendra pour nous y emmener.
Arrivé devant le lycée, je constate que les professeurs et le bus sont déjà là, ainsi que plusieurs de mes camarades de classe. Parmi eux, il y a cette fille
Manon. Cette fille de dix-neuf ans, que jobserve depuis des semaines, des mois entiers. Elle menvoûte par sa beauté, et je nai jamais osé lui avouer lamour fou que je ressens pour elle, non, je suis bien trop timide pour ça. Je préfère ladmirer en secret, comme je le fais depuis le début. A chaque fois que je la voie, je ne peux mempêcher de la détailler du regard. Cest une jeune fille pétillante, à la peau blanche et à la chevelure noire soyeuse. Son visage, dont on pourrait lui reprocher un manque dexpression ou un trop grand sérieux -, est dissimulé derrière de larges lunettes vertes, posées sur son petit nez, lui même surplombant sa fine bouche et ses lèvres rosées, sans rouge à lèvres. Pas très grande ni trop petite, elle est dune taille que je considère comme « normale ». Derrière ce visage grave, je sais quil se cache une jeune femme joyeuse et fêtarde, comme tous ceux de notre âge à vrai dire. Manon est assez réservée, sans être vraiment timide.
Je suis coupé dans mes pensées par un de mes camarades, qui vient me saluer. Je discute avec eux, tout en gardant du coin de lil le regard sur Manon, elle-même en pleine discussion avec sa meilleure amie. Les derniers élèves finissent darriver, puis nous embarquons à bord du bus, pour un trajet de trente minutes environ. Pendant le voyage, on nous explique ce que lon va devoir faire une fois sur place. Par groupe de deux, nous allons devoir trouver plusieurs espèces de plantes plus ou moins rares, aidés par une carte et une photo desdites plantes. Chaque binôme aura un secteur bien défini à explorer, et laprès-midi pour trouver les fameuses plantes. Pas besoin de sac à dos, juste notre carte et un petit sac pour ramener nos trouvailles. Nous avons pour consigne de ne pas nous éloigner des sentiers balisés, au risque de nous mettre en danger.
Le bus finit par arriver à lentrée de la forêt, sur un petit parking dont le sol est recouvert de cailloux. Nous descendons, et les professeurs commencent, comme convenu, à former les groupes. Cette journée, qui navait pas trop mal commencé pour moi, navait visiblement pas fini de me réserver des surprises, car je me retrouvai en binôme avec Manon
Oui, elle, la fille de mes rêves ! Celle que je nosai jamais aller voir, voilà que jallais passer la journée, seul avec elle dans cette forêt. Sans le vouloir, les professeurs mavaient rendu ce jour-là un immense service. On nous donna notre carte et on nous fixa rendez-vous sur ce même parking dans six heures. La forêt étant immense, dès le début nous partîmes chacun dans une direction totalement différente, et je mengageai donc avec Manon dans cette immensité de verdure.
Nous marchions côté à côte, et comme à son habitude Manon restait sérieuse, concentrée sur son travail, tout en accueillant mes quelques tentatives de plaisanterie avec un léger sourire néanmoins. On sentendait bien, ce nest pas le problème, mais elle gardait ce côté un peu réservé qui la caractérise. Nous nous avançons peu à peu dans la forêt, guidés par notre carte. Nous nous rendons dans un secteur éloigné, dans lequel nous avons a priori de grandes chances de trouver quelques spécimens de plantes rares. Nous longeons le chemin balisé quand, derrière moi, je vois Manon sengouffrer dans la végétation sur le côté du chemin. Je lui dis que nous devons suivre le chemin, mais, nen faisant quà sa tête, elle décide daller explorer un endroit doù, selon elle, il y a lair davoir une belle vue. Je ne peux la dissuader et, contraint et , je la suis dans son périple à travers la végétation.
Après une dizaine de minutes de marche pénible, dans des passages sinueux, nous arrivons effectivement au bord dun immense ravin, dune profondeur que je ne saurai évaluer, et qui nous offre une vue exceptionnelle sur toute la forêt. Admiratif, je décide néanmoins dinciter Manon à rebrousser chemin, pour ne pas nous attirer dennuis et nous mettre en retard. Fidèle à elle-même, elle me tire par le bras pour que lon sapproche de plus près du ravin. Toujours malgré moi, je décide de descendre un petit peu plus bas, quand soudain, sans que je nai le temps de réagir, ma chaussure dé sur les cailloux qui jonchent le sol, et je tombe, glissant et entraînant Manon dans ma chute. Par je ne sais quel miracle, Manon parvient à sagripper à une sorte de grosse racine dépassant du sol, et quant à moi je me retrouve, là encore par miracle, accroché à sa cheville, à moitié dans le vide. Nous voilà en bien mauvaise posture. Je me retrouve avec la fille de mes rêves, les jambes dans le vide à plusieurs centaines de mètres, certainement, du sol, seuls et loins de tous.
Je demande à Manon si elle na rien et elle me répond que non, mais quen revanche elle ne sait pas combien de temps elle va pouvoir tenir accrochée à cette racine. Mon corps aussi commence à vouloir mentraîner vers le vide, et je tente pour rester sur la terre ferme de maccrocher tant bien que mal à la chaussure grise foncée de Manon. Le bas de son jeans bleu clair est toujours impeccablement rentré dans les chaussures, toutefois je sens que cette situation ne va pas durer. Magrippant comme je le peux, les deux mains entourant sa chaussure montante, jai du mal à prendre prise.
La situation est toujours critique, je dois à tout prix trouver un moyen de remonter et de nous sortir de là. Accroché au jeans de Manon, je cherche désespérément une solution, en observant tout ce qui se trouve autour de nous. Quand soudain me vient une idée
Mais pour cela, jai besoin de la ceinture de Manon
À suivre
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